Une période où Flaubert ne va pas bien. Échecs relatifs de ses livres, et la petite fortune qui lui permettait d'être à l'abri des misères du siècle, bien écornée par le soutien à apporter à sa nièce Caroline, qu'il a élevée.
C'est dans ce passage à vide, avant le grand rebond satirique de Bouvard et Pécuchet, qu'il s'attelle à trois miniatures essentielles. Non pas qu'il s'agisse de nouvelles ou récits brefs : la vie exemplaire de Félicité, la servante de Un coeur simple, est un livre à lui tout seul, une des plus grandes démonstrations de la prose française. Et peut-être jamais Flaubert n'a-t-il été aussi loin dans la précision du concret, le goût des choses (si elles sont dites), ainsi le fameux perroquet, la procession, et cet incroyable portrait de la relation maître à domestique.
Et dans la Légende de Saint-Julien l'Hospitalier, on retrouvera comme ces vieux vitraux d'église, et toutes les fantasmagories qui hantent Flaubert (la scène de chasse en ouverture) depuis sa tentative des Tentations de Saint-Antoine, comme dans Herodias on retrouvera les ors romaines de Salammbô.
Et tout cela comme un poème. Textes qu'on s'imagine toujours connaître, et qu'on redécouvre dans leur étonnante puissance à chaque relecture. C'est violent.
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.