Gobineau, dans une vie bousculée du début à la fin, trouvera sans doute sa meilleure part de bonheur dans les 8 ans qu'il passe en Perse, frayant avec les caravanes, s'immergeant dans la langue.
Dans une oeuvre abondante, la part réservée aux voyages (Halifax et Terre-Neuve, merveilleux livre) est celle où son pessimisme et la force de la langue nous sont les plus actuels.
Et particulièrement ce rocher solide de ses sept 'Nouvelles asiatiques' (publiées en 1878, près de 20 ans après son séjour). Ce qui fascine, dans Les amants de Kandahar, c'est cette violence éternelle de l'Afghanistan, ses codes d'honneur et de secret. On retrouvera tout cela dans 'Les cavaliers' de Joseph Kessel, et cet univers qui nous est si étranger, jusque dans le statut de la mort, il est certainement à l'oeuvre dans les incompréhensions de ces guerres où s'englue le monde occidental – comment ne pas y penser ?
Comment traiter de ces villes, de ces guerres, des destins qu'elles brassent, quand tout est si loin de sa propre tradition ? La modernité de Gobineau est peut-être dans cette façon de tout traiter par le mouvement, de façon quasi cinématographique, cadrage et séquençage.
Alors forcément, que les Amants de Kandahar ça fonctionne, totalement. Littérature bloc, un bloc, venu de là-bas jusqu'à nous, gardant même l'éclat des sabres.
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