Quand l'ancienne prof devenue clocharde Nadia Dijkster est retrouvée dans un square sinistre, baignant dans son sang, il est difficile de croire à un suicide.
Quand on découvre qu'elle avait passé la nuit avec son amour de jeunesse, l'artiste un peu dingue, cher monsieur Sebastian Chabbe, et que ce dernier manque à l'appel, il est difficile de croire à une coïncidence.
Quand on s'attaque à L'arpète, bringuebalé par Serge Abiteboul entre l'argot de la rue et la poétique de l'art, des squats de la banlieue parisienne aux plages vietnamiennes, des châteaux italiens aux cabanes islandaises, il est difficile de s'arrêter pour souffler. Car souffler, Sebastian Chabbe, le peintre-sculpteur-mythomane, ne le fait pas. Poursuivi sur plusieurs continents pour le meurtre de sa femme, de sa maîtresse et d'un truand sans foi ni loi, le bonhomme nous fait cavaler dans les recoins glauques de l'âme humaine et dans le mensonge qu'il élève au rang d'art. On pourrait le détester : on s'y attache, il pourrait nous faire peur : on le sait faible.
C'est l'histoire d'un vieux dégueulasse qui fait des blagues de blondes et des tableaux mystiques, et qui se retrouve soudainement sous le feu des projecteurs, et avec lui, un monde que la bonne société nomme "déviant". Un monde où le sexe est hors-norme, où la religion a plusieurs visages, où l'amour est la haine.
Serge Abiteboul signe là un roman noir, à la langue qui frappe, aux mots qui cognent, aux thématiques actuelles ; il nous fait courir après l'arpète de la mort, un type au cou de taureau qui peint les ténèbres dans son atelier-caverne.
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