La poésie adopte volontiers l’allure d’une figure penchée, elle vient volontiers s’arrêter et regarder avec attention, compassion, tout ce qui est là, au bord du chemin. Chemin individuel, unique, que Jean-Yves Fick fixe ici, avec une grande délicatesse. On pense aux plaques photographiques, plaques sensibles, où des pans de réel s’impriment.
Un vieil homme attend sur un banc et il a posé ses béquilles. Un train, une foule indifférente, la pluie, des fruits sur les marchés...
Ce à quoi l’œil de Jean-Yves Fick s’accroche n’est pas tonitruant, mais modeste et commun à tous, essentiel. C’est le prisme de l’écriture augmenté d’une substance vivante qu’il lui insuffle : sa foi envers les mots, et comment rendre, en soi et vers les autres, tout ce qui fait entaille, constat, souvenir, captation.
Ses photographies, elles aussi, savent dire ce peu, ce rien, caché dans les images.
On connaît le travail de Jean-Yves Fick sur la langue et l’image, par son site, Gammalphabets. On le retrouve ici, porté à une tension extrême.
Christine Jeanney
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