Pendant l’été, elles allaient jusqu’à Robinson, mais c’était loin, et le train qui devait les ramener ne leur laissait qu’une heure de répit. Aussi elles ne perdaient pas une minute, elles couraient d’une traite de la gare à la salle de bal. Et là, sans s’occuper des garçons en quête de danseuses, elles s’enlaçaient et dansaient avec l’angoisse constante de manquer le train du retour.
Orpheline pauvre, bergère en Sologne, couturière à Paris, rien ne prédispose Marguerite Audoux à écrire. « Vous êtes le plus grand écrivain féminin d’aujourd’hui » estime une figure très respectée, critique d’art, auteur et journaliste, dans une lettre qu’il lui adresse.
Elle est une sorte d’anicroche, une anomalie. Aujourd’hui encore, on la range facilement du côté des écrivains régionalistes – on ne dit pourtant pas du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, qu’elle a pratiquement inspiré et qui se situe dans le Cher, que c’est un roman régional.
Elle obtient contre toute attente le Prix Fémina Vie Heureuse en 1910.
Tirons sur le fil et déroulons-le : à partir de cette consécration qui lui accorda un peu de célébrité, remontons vers son enfance et son adolescence, puis suivons-la à Paris dans son atelier de couture, avant qu’elle n’entre en écriture, ceci jusqu’à la fin de sa vie.
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