Carnet de bord 2020, semaine 45 8 novembre 2020 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , ,

publie.net, le feuilleton (que le monde du livre nous envie) à retrouver chaque semaine, par GV.

lundi

Voilà, cette fois c'est bon, je vais pouvoir me replonger dans les textes et avancer (un mot que j'utilise souvent, et qui au fond ne veut rien dire, tout en voulant tout dire, c'est ainsi). Mine de rien, c'est critique : nos parutions du deuxième semetre 2021 en dépendent. Or non. Il y aura toujours mille choses plus urgentes à faire avant. Réimprimer des étiquettes, repréparer des SP, poster ces SP. Finir le brouillon de la newsletter et préparer l'envoi (communiquer somme toute). Relire des épreuves et manuscrits dans leur dernière version. Rédiger une quatrième (terminer du moins). Solliciter X ou Y pour m'envoyer des textes que je n'aurai pas le temps de lire. La newsletter, justement, j'en envoie un brouillon à l'équipe avant l'envoi réel, comme chaque mois. Cette fois, voici par quel message je l'accompagne :

J'écris, je désécris, je réécris et j'efface l'édito de la newsletter depuis jeudi. Finalement, je n'ai laissé qu'un extrait d'un texte tiers (B. Métais-Chastanier) et des rappels basiques. Pas sûr que ce soit bien compris mais enfin nous sommes ensevelis d'appels à soutien à d'injonctions à sauver (commercialement parlant) le monde tous les jours, je ne peux pas me résoudre à en rajouter une couche. 

En envoyer le brouillon permet aussi de l'oublier un peu, pour mieux pouvoir y revenir le lendemain ; le lendemain on verra bien. Avant cela, aller poster donc ces SP après avoir pris soin de remplir l'autorisation de sortie dérogatoire à ce que vous savez.

mardi

le revenu fiscal de référence est-il une sorte

de magie traditionnelle ?

Non, je ne me pose pas nécessairement la question (encore que) : je relis simplement l'épreuve de Quelque chose que je rends à la terre, le prochain livre de Sébastien Ménard à paraître dans notre collection L'esquif en février. Et comme je ne trouve rien à redire ni sur le texte ni sur la mise en page, aucun ajustement à apporter à rien (preuve donc que nous avons tous bien travaillé jusque-là tous les cinq : Sébastien, Virginie, Jean-Yves, Roxane et moi), je tombe en méditation devant cette phrase (et donc par la magie du carnet vous aussi).

mercredi

Enfin, retour au texte : un manuscrit en gestation. Le temps a fait son œuvre, malheureusement dans les deux sens. J'ai envoyé mes premiers retours à l'auteur début janvier, et j'ai reçu cette V2 en septembre. En septembre, j'ai lu la nouvelle version sans prêter attention aux corrections ni aux commentaires : juste le texte, comme si je le découvrais pour la première fois. C'était très fort. J'ai rencontré l'auteur, nous avons discuté du roman (c'est un roman). C'était il y a plus d'un mois. Et cela fait plus d'un mois que je n'arrive pas à revenir dans le texte, ne pouvant remettre au lendemain tout le reste (cf. lundi). Là non. Mais je me suis perdu en route. J'ai beaucoup annoté le manuscrit en janvier. Tellement, que je me perds dans le fil des commentaires, des réponses, des corrections : il y a beaucoup de flèches, qui sont autant de fils. C'est une jungle à défricher.

Le matin, je terminais de relire un autre manuscrit. On ne pourra pas le publier. Mais c'est particulièrement fort quand même. Finissant ma lecture je n'arrêtais pas de me dire : et si le texte n'était pas le texte ? Et si ce que j'étais en train de lire était en réalité une traduction d'autre chose ? Et si c'était un piratage ou, je ne sais pas moi, un canular ? Je cherche dans Google. Ce n'est pas un canular, ni un piratage, ni une traduction. C'est juste un manuscrit. Pourquoi cette paranoïa ce matin ? Et pourquoi cet après-midi cette suspicion à l'égard d'un texte trop annoté, bariolé, tigré de ses modifications et phrases réécrites ? On ne saura pas. Il y a des jours comme ça. Il faut vivre avec ses fictions. Fort heureusement, ça n'empêche pas d'avancer (encore ce mot), les questions que l'on se pose sur le bord de la route, ou le long du chemin.

jeudi

Oh, la journée commence bien. Une vente Hachette (les Classiques connectés d'Olivier Ertzscheid) pour vingt-six retours. C'est un bon ratio pour un mois de novembre confiné. On pourrait se dire au moins ces livres ont eu leur chance et reviennent après X mois sur les tables. Mais non. De tables, point. 100% de retours Amazon. J'ai l'impression d'avoir déjà dit (écrit) ça ici : comique de répétition sans doute. Retours qui, pour la plupart, concernent des titres du début de l'année ou de l'automne dernier. L'autre jour, c'était des retours libraires pas beaucoup plus enthousiasmants : une nouveauté de la rentrée déjà revenue, moins de deux mois de présence sur table donc. Que peut-on faire dans ces conditions ? Faire au mieux. Signer des renouvellements de contrat bibliothèque. Vendre nos livres en direct sur notre site, à défaut de pouvoir le faire en salon où que ce soit. S'en remettre aux spams ? Comment passer dans BFM TV, Les Echos, Le Figaro ou Europe 1 ? Nos solutions. Ouf. Quand soudain, la phrase que tout le monde rêve de voir apparaître dans sa pile de mails : pourriez-vous plutôt m'envoyer un fichier Excel ? Lire plutôt ce manuscrit qui m'attend depuis une dizaine de jours : n'y rien comprendre. Se dire : c'est un peu décousu, tout de même... Puis réaliser que le PDF est en format par planche, et non par page, et que l'écran s'était calé parfaitement sur celle de gauche uniquement, me faisant passer du coq à l'âne en permanence, oubliant donc la droite. Fatigue.

vendredi

D'autres retours Amazon, que je note Amz dans mon mail récap à l'équipe, comme tous les matins. En sucrant trois lettres à chaque fois que je l'écris, mes gains en temps rapportés sur l'année doivent être considérables ! Ou pas. Termine doucement la relecture du texte de Jacques Ancet, également relu par Jean-Yves de son côté. Quelques corrections et ajustements de dernière minute et le texte sera prêt pour la MEP. Comme chaque semaine, j'envoie le brouillon du carnet de bord à l'équipe. Pour accompagner mon message, j'écris : C'est pas fondamentalement la semaine la plus passionnante de l'histoire du carnet (preuve que j'en ai conscience).