Carnet de bord 2020, semaine 18 30 avril 2020 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV

lundi

Enseignements de la journée :

  • La première entrée d'une toudoux liste, quand on se met dans l'optique de faire une toudoux liste, est toujours "faire une toudoux liste". (Instant promotionnel : lisez donc les deux volumes des To do listes de Christine Jeanney.)
  • Les messages vocaux sur Whattapp, c'est comme les fleurs, c'est périssable.
  • La dernière entrée d'une toudoux liste, dans l'optique de..., c'est souvent "angoisser fort devant autant de choses à faire dans notre toudoux liste".
  • Or donc, les toudoux listes peuvent n'être pas douces.
  • On écrit des mots comme "consolider" et "prévisionnel" (mais aussi "camembert", sans doute pour contrebalancer).
  • Dans un mail : "le salon n'est pas (encore ?) annulé ?"
  • Les oiseaux chantent (good) ; les voisins aussi (moins good).
  • J'utilise Google et ses divers dérivés pour tout un tas de truc, ce faisant je m'écrie intérieurement "mais enfin c'est le mal !" et puis ensuite rien ne se passe.
  • Comme depuis dix ans, à peu près tous les ans, on nous dit que ça y est, c'est pour bientôt : les liseuses couleurs arrivent !
  • Même après X relectures des Présents, je continue de lire écureuil et non écueil, page 149. Après tout, en tant que lecteur, c'est mon droit.
  • Puisque, pour une raison qui m'échappe, cette application de toudoux liste en ligne se met à buguer de manière à me les afficher en tout petit, comme si j'étais en vue stationnaire au-dessus d'elles à des kilomètres de hauteur, je me dis que cette application essaye de me faire passer un message, lequel serait sans doute : il faut prendre du recul, mec (et contre toute attente je le fais) voire : tu planes (ce qui n'est pas impossible du tout).

mardi

Si j'écris dans un brouillon de mail, par erreur, c'est boté au lieu de c'est noté, est-ce à dire que je suis devenu un bot sans même m'en rendre compte ? C'est assez approprié comme pensée, car je commence à relire Sœur(s). Roxane, de son côté, propose de retoucher un peu les pantalons des personnages des Présents, sur la couverture, se découvrant qui sait (?) des talents de couturière. L'article pour la parution des Etés camembert est prêt, de même qu'un squelette de catalogue pour la rentrée 2020. Finissant ces tâches, je me dis que ma toudoux liste va pouvoir désenfler, mais à peine. Note pour un bot (c'est-à-dire moi) : fragmenter à l'extrême toutes les tâches de la liste pour avoir l'impression d'avancer plus, et plus vite.

 

mercredi

Cette fois ça y est, c'est bon, la crème de la crème des camemberts (industriels, mais enfin qui sommes-nous pour les juger ?) est disponible. Le livre de Daniel Bourrion , illustré par Roxane Lecomte, est paru après un mois de flottement covidé. L'article est en ligne sur le site et les précommandes partent via notre imprimeur LSF, en attendant la réouverture des librairies décidées semble-t-il lors de la déclaration du premier ministre à l'Assemblée nationale hier. Les commandes LSF, justement, qui ont repris la semaine dernière en ce qui nous concerne suivent leur cours. Première commande transmise vendredi, une deuxième aujourd'hui (12 commandes, pré ou pas, et 16 livres envoyés). Avant cela, il a fallu contacter un par un chaque client pour les informer de l'expédition prochaine de leur(s) livre(s), le tout en laissant une ouverture à celles et/ou ceux qui préfèreraient attendre le déconfinement pour recevoir leur colis (on marche sur des œufs tant la question de la réception des commandes est clivante). Il me faut aussi demander à ceux qui n'ont pas renseigné le champ numéro de téléphone lors de leur commande de me le transmettre par email, les livreurs Chronopost nécessitant cette information en cas de problème pour contacter la personne. Sur tous les clients concernés, seul un ne me répond pas malgré relance (il répondra mais plus tard dans la semaine : je peux le savoir à ce stade car je suis doté de prescience). Ça ne fait rien, me dis-je, je n'ai qu'à l'appeler... Sic. On pourrait croire que c'est la chose la plus idiote que je me suis dite aujourd'hui, mais non : terminant de relire Sœur(s) après l'avoir déjà lu et relu ces derniers mois : j'ai l'impression d'avoir déjà lu ce passage...

 

jeudi

Les corrections et relectures de manuscrits donnent lieu à des commentaires parfois inattendus. Benoît Vincent, ici, pour le troisième tome de la Littérature inquiète à paraître à l'automne :

Dendogramme c’est les schéma en arbre, qui forment des dichotomies ; rhizobium c’est le réseau de filaments gigantesques des champignons, dont le pied et chapeau (qu’on mange) n’est qu’une petit partie ; mangrove ce sont des arbres qui poussent dans l’eau, formant de troncs écartés, comme des galeries.

Et puis ça devait finir par arriver : plantage du traitement de texte, autosave en chômage partiel, j'ai perdu la moitié de ce que j'avais fait sur un texte dans l'après-midi. Bien sûr, ça ne sert à rien de s'énerver (je m'énerve) et il s'agit vite de remonter sur le cheval (quel cheval ?) après la chute, autrement si on attend, par exemple demain, découragé (oh, on est tenté de le faire) on aura oublié déjà ce qu'on avait noté en marge et on ne pourra plus le renoter (si ça se trouve même on dira le contraire de ce qu'on aurait écrit la veille si le fichier avait tenu le coup et personne ne le saurait, pas même soi). Du coup, derrière, à chaque nouveau commentaire, correction, sauver manuellement la chose.

 

vendredi

Le problème, avec les textes sur lesquels on travaille (quel que soit par ailleurs notre rôle dans le grand flux de la littérature), c'est que ça n'est jamais parfait. Et quand bien même ce serait parfait, on ne serait pas content non plus, car alors il n'y aurait plus rien à faire pour l'améliorer. Là, je relis un texte en troisième lecture, et je fais des allers et retours avec la précédente version pour voir si je ne dis pas des trucs contradictoires. Si je le fais, c'est que ça risque de m'arriver. Si ça m'arrive, ma foi, je le mentionne quand même, mais au moins je tâche d'y mettre les formes. Je viens de me rendre compte que... Finalement, à bien y réfléchir, ça ne fonctionne pas car... Avec le recul, je me demande si... Ce genre de choses. Dans un mail, sur un tout autre sujet, j'écris que je ne suis jamais content. C'est le cas. Mais est-ce qu'un texte se doit d'être parfait de bout en bout (et le peut-il seulement) ou bien faut-il au contraire qu'il parvienne à composer ses moments forts par rapport à ses moments faibles ? Une histoire d'architecture, quoi. D'équilibre. Et non de contentement. Contents, on peut l'être quand même. Nos parutions présentes et à venir ont quand même de la gueule. Et le récap proposé par Roxane pour les communiquer également :