[NOUVEAUTÉ] Poèmes nouveaux, de Rainer Maria Rilke, traduction de Lionel-Édouard Martin — édition bilingue 24 octobre 2018 – Publié dans : Notre actualité, Traduire – Mots-clés : , , , , , , , , , , ,

Rilke ! Et dans une nouvelle traduction qui plus est, le tout en bilingue. Quels beaux moments de lecture et de poésie nous attendent... Vous attendent. Le premier volet de ces Poèmes nouveaux, ici traduit par Lionel-Édouard Martin dont nous pouvons régulièrement suivre et apprécier le laboratoire de traduction (et de création) qu'il mène sur son site, est désormais disponible, il sera suivi d'une deuxième partie à paraître dans le courant de l'année prochaine. Il faut lire ce recueil, en mesurer les enjeux, et mettre en perspective l'œuvre immense qu'a laissé au-delà des seuls titres phares qui reviennent tout le temps.

Au-delà de ce seul livre, et dans la continuité d'une action qui figure parmi nos priorités depuis des années, il faut faire redécouvrir des classiques de la littérature étrangère dans de nouvelles traductions contemporaines. Un regard neuf sur ces œuvres, c'est permettre une autre porte d'entrée pour y accéder, une autre voie menant à la singularité de ces œuvres. Qu'ils soient bilingues (comme ici, mais aussi comme La ballade du vieux marin, de Samuel Taylor Coleridge, traduit par Patrick Calais, que nous rééditons aujourd'hui pour l'occasion) ou non (comme Les Bacchantes, d'Euripide, traduit par Jean-Daniel Magnin, également réédité dans notre format actuel ce jour), ces livres nous parlent encore. Et nous n'avons pas épuisé tous les stratagèmes que recèle la langue française pour les faire parler, encore et encore, dans notre langue. Depuis plusieurs années maintenant, le web regorge d'entreprises de traductions spontanées, de chantiers d'écriture parallèle, de laboratoires en tout genre. À nous de les suivre, de les relayer et, lorsque la chose est possible, de les accompagner dans leur métamorphose en livre. Rilke en fait partie. Il est à présent entre vos mains.

Si Rainer Maria Rilke (1875-1926) est sans doute un des poètes d’expression allemande les plus universellement connus du premier quart du XXe siècle (et « le meilleur poète d’Europe » aux yeux de Verhaeren), en France on lit surtout ses Lettres à un jeune poète et ses deux grands recueils des années 1920 (Les Élégies de Duino et les Sonnets à Orphée), pour ne retenir de ses Poèmes nouveaux, publiés en deux tomes en 1907 et 1908, que quelques poèmes emblématiques tels que La panthère ou La cathédrale.

Or, c’est avec ce livre (et son pendant narratif, écrit à la même époque : Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, également présent dans notre catalogue) que Rilke devient vraiment lui- même, qu’il commence à manifester son projet poétique (et la voix pour l’accompagner) tel que Maurice Blanchot le formulera plus tard en écrivant : « Voir comme il faut, c’est essentiellement mourir, c’est introduire dans la vue ce retournement qu’est l’extase et qu’est la mort. Ce qui ne signifie pas que tout sombre dans le vide. Au contraire, les choses s’offrent alors dans la fécondité inépuisable de leur sens que notre vision habituellement ignore, elle qui n’est capable que d’un seul point de vue. »

Ce sont ces « poèmes de l’œil », de l’œil posé sur les choses et les paysages, sur les monuments, sur les scènes d’intérieur, sur tout ce qui fait le monde sensible, que nous souhaitons [re]faire découvrir au lecteur français, dans une édition bilingue (actuellement la seule disponible sur le marché éditorial) et dans une traduction nouvelle qui cherche à rendre, avec toutes les difficultés de l’entreprise, la beauté du texte original.

La version numérique vous propose plusieurs chemins de lecture :

Chemin 1 > tous les textes en alternance allemand / français
Chemin 2 > tous les textes en français
Chemin 3 > tous les textes en allemand
Chemin 4 > tous les textes avec comparaison français / allemand

Extrait de la préface, de Lionel-Édouard Martin

Quand Rilke compose ses Poèmes nouveaux, au tout début du XXe siècle, il approche de la trentaine, et s’il voyage toujours beaucoup, il a fait de Paris son lieu principal de résidence, dans un contexte littéraire en pleine évolution qu’il ne semble – curieusement – guère percevoir, ou qui, à tout le moins, ne semble guère influencer son écriture.

Si ses poèmes d’alors rompent avec ceux de sa jeunesse (même s’il existe des continuités manifestes avec, par exemple, certains textes du Livre des images [1899]), au point que l’adjectif « nouveau » s’impose à son éditeur pour les qualifier et leur donner un titre, ce n’est pas tant sur le plan de la forme : tandis que la poésie (je pense par exemple à celle de Valery Larbaud et à ce qui est en germe chez un Max Jacob et d’autres) continue de connaître en France de profonds bouleversements qui vont bien en-deçà des manipulations des symbolistes et autres décadents, Rilke s’en tient pour sa part peu ou prou à la métrique allemande traditionnelle, occasionnellement au sonnet, à la comparaison bien plus qu’à la plus sauvage métaphore.

Qu’est-ce donc alors qui fonde cette « nouveauté », qui n’est pas celle encore des recueils (Les Sonnets à Orphée, Les Élégies de Duino) de la haute maturité, d’une magistrale composition en suites d’une parfaite cohérence formelle et thématique ? Sans doute se manifeste-t-elle surtout dans le regard que Rilke, désormais, porte sur le monde et les choses : qu’il décharge de toute intensité subjective pour en faire (dans certains poèmes caractéristiques, mais toutefois pas dans tous) un instrument d’exploration du réel et d’investigation de la beauté. Fini, donc, le « je » (ou, quand il y a « je », ce n’est jamais Rilke qui s’exprime, c’est celui d’autres qu’il fait parler), l’exaltation de la nature, l’exploration de l’âme en ses tribulations : le poète se veut impersonnel et pénétrer ce qu’il observe, de quoi qu’il s’agisse, à la manière de l’homme de science ou du grand artiste et avec les moyens dont il dispose, soit le langage et une sensibilité (ou perspicacité) non commune (celle du poète inspiré, du « vates ») qui lui fait pressentir et ressentir, sous la surface des choses et leur circonscription dans un espace, des profondeurs et des ampleurs qu’il lui revient de révéler – c’est sa façon personnelle d’être voyant : passer du voir au dire, apprendre à voir pour restituer par le poème, métamorphoser la chose banale en une chose poétique.

Lire la préface intégrale en cliquant sur les
extraits PDF ou EPUB de la fiche-livre

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232 pages
ISBN papier 978-2-37177-559-6
ISBN numérique 978-2-37177-199-4
20€ / 5,99€

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Rééditions

Dans cette dernière pièce qu’Euripide consacre à Dionysos, dans la « modernité » voulue de l’œuvre s’affirme l’homologie entre l’expérience dionysiaque et la représentation tragique. Si le drame des Bacchantes révèle, à travers l’épiphanie de Dionysos, la dimension tragique de la vie humaine, il fait aussi, en « purifiant » cette terreur et cette pitié que provoque l’imitation sur scène des actions divines, briller aux yeux de tous les spectateurs le ganos, l’éclat joyeux et brillant de l’art, de la fête, du jeu : ce ganos que Dionysos a le privilège de dispenser ici-bas et qui, comme un rayon venu d’ailleurs, transfigure le morne paysage de l’existence quotidienne.

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« Voici LA BALLADE DU VIEUX MARIN telle que l’a écrite Samuel Taylor Coleridge. Elle raconte l’histoire étrange d’un navire, d’un équipage et d’un marin qui s’est passée dans les mers froides du Sud et chaudes du Pacifique. Une histoire que chacun entendra à sa façon et qui commence sur un chemin où trois jeunes gens s’en vont à la noce. »

Traduction Patrick Calais. Postface de Michel Volkovitch.

Écoutez la lecture qu'en fait Bernard Régnier en cliquant ici.

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