[NOUVEAUTÉS] Éléments de langage, de Dominique Quélen & S’occire, d’Olivier Matuszewski 7 décembre 2016 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , , ,

L'Inadvertance prend des couleurs aujourd'hui avec la parution simultanée de deux titres forts : Éléments de langage, de Dominique Quélen & S'occire, d'Olivier Matuzewski.

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Éléments de langage

Chez publie.net, Dominique Quélen est déjà l'auteur d'un livre : Le temps est un grand maigre paru en 2012. Le revoici avec Éléments de langage qui rassemble trois livres parus, naguère séparément.
Mais, par ce geste neuf qui les réunit, est mis en évidence un moment clé dans l’écriture de Quélen — et la forte cohérence de sa démarche.
Son œuvre cherche, par un concentré d’instants, de lieux, de gestes, d’événements différents, à faire résonner, du rapport entre le corps et le monde, le « timbre secret, d’aucune langue ». La douleur pour articuler l’un à l’autre est passée au crible d’un tri en vue de tenir « le moins de place possible : exercice de la pensée. »
Une forme se dégage alors, bien identifiable. Brève, précise. Il y a dans tous ces textes « une beauté simple et sans apprêt, une part de calcul, un mouvement dans leur immobilité ».

Ainsi Gérard Noiret peut écrire, dans La Quinzaine littéraire, que « Dominique Quélen atteint du premier coup une perfection qui le singularise. » Stupéfiante.

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Patrick Varetz en a écrit la préface, que voici tout entière tant elle est juste et présente à merveille le travail et la démarche de Dominique :

De Quélen on pourrait dire qu’il tient tout entier dans ces Petites formes qui donnent lieu à autant d’Éléments de langage. Dès qu’il apparaît dans le paysage, on se dit que — décidément — ça ne va pas très fort. Il n’a pas pris un gramme sous sa chemise froissée. Éternel petit garçon, il conserve l’oeil mobile et la pupille inquiète sous le verre de sa paire de lunettes (et bientôt il se tord les doigts quand on l’encourage à parler). Oui, vraiment, une petite forme qui se répète avec le temps. On le savait en mauvaise posture, on le découvre invariablement le corps au bord du gouffre.

Ce qui le sauve, à chaque fois, c’est l’invention tour à tour préméditée et spontanée du langage. Il suffit qu’il lise ses textes, ou qu’il se prenne au jeu de la conversation, pour aussitôt reprendre vie, et gagner en malice. Au discours commun, hérité d’un mauvais père et d’une mauvaise mère, il oppose sa propre langue. Ce qui, on en conviendra, relève sur le long terme — près de vingt-cinq ans à ce jour, depuis la publication de son premier livre — de la plus entêtée performance. Fort d’envisager la vie comme un sport extrême, il pratique la poésie comme une discipline physique, vouée à le maintenir en état de marche.

À force de contraindre les mots, de malmener les phrases et le sens, il parvient sans cesse à se dénouer la langue, sans pour autant livrer le fond de sa pensée. Tout l’art de Quélen consiste à ne pas dire, à ne rien avouer — jamais —, fût-ce sous la torture qu’il inflige de lui-même au poème, pour en contrarier le chant.

Lire Quélen ne vous grandit pas. À l’entendre, on passerait sa vie dans un corps — comprendre un sac vidé de soi-même —, propriétaire d’une simple poche dans laquelle s’entrechoqueraient les ossements d’un mort. Ainsi l’existence serait une plaie, et le coeur un muscle rempli de cavités.

Le souffle passerait entre l’os et la peau, et de tout cela il ne sortirait rien de bon.

On l’aura compris, c’est là l’oeuvre d’un malade. C’est lui-même qui l’écrit. Quelque chose entre le vers sec et les eaux grasses de la prose : une loque qui suinte son eau. À tous ceux qui voudraient lire ou relire Quélen, et je les espère nombreux, je conseille de s’accrocher à quelques éléments de langage récurrents (en priorité ceux qui appartiennent au vocabulaire médical et hospitalier) : c’est la meilleure façon selon moi de révéler l’envers de l’endroit, pour y décrypter — entre les lignes — l’histoire d’un homme en souffrance, hanté par le souci démesuré de la forme. Apprécier Quélen, c’est d’abord comprendre son élégance.

Pour vous procurer le livre, ou l'offrir, commandez-le directement sur notre boutique (c'est une forme de soutien pour la maison d'édition et ses auteurs), ou  en ligne, sur Amazon, Place des Libraires, etc. — ou commandez-le à votre libraire, lui indiquer l'ISBN 9782371774674, distribution Hachette Livre.

272 pages — 20,50€

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S'occire

Nous accueillons aujourd'hui avec grand plaisir Olivier Matuszewski au sein de la collection L'Inadvertance avec un texte que présente ainsi François Rannou :

Langue à corps prenant le réel, qui se cache sous nos mots perdus. Comme si la parole poétique et toute la littérature étaient passées au tamis : ce qui accroche à gros grains est retenu pour mieux laisser la fluidité d’une parole possible. Il y a de la hargne, un tranchant net dans le vers. Mais surtout ce manuscrit forme un ouvrage concerté, Matuszewski coordonne ses élans et les fait tenir sur la ligne de fond qui mène le lecteur au creux du courant de sa parole.

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Olivier Matuszewski est né en 1966. Ses textes sont parus dans les revues Le Mâche-Laurier, Diérèse, Verso, Le Nouveau Recueil, Moriturus, Hapax, Secousse, L’ étrangère... Pour Frai (éditions Fissile, 2007), Dans les wagons-cris (éditions Les Haut-Fonds, 2014) et La part du gaucher (éditions Tituli, 2014) sont ses trois derniers ouvrages.

La version papier donne comme d'habitude l'accès à la version numérique, sans frais supplémentaires.

Pour commander — ou offrir ! — S'occire, rien de plus simple : achetez-le sur notre boutique directement ici, ou sur Amazon, Place des Libraires, etc. Pour le commander à votre libraire, lui donner l'ISBN 9782371774667, distribution Hachette Livre.

168 pages — 15€

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