Si les incidents ou l'arbitraire de la biographie nous conduisent à un texte accidenté, est-ce que ce n'est pas cela d'abord qu'il faut alors se donner comme contrainte – sinon comme expérience – littéraire ?
Ainsi, dans Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, les vitesses de récit changent constamment. Un instant peut devenir une époque: ainsi, ce mariage contracté avec un Russe qui ne reparaît pas. Ainsi, cet échouage provisoire dans une ville de l'est canadien pour un colloque universitaire. Ainsi, ce lent dépli de l'enfance avec curieux ballet des mères, et ce qui s'ensuit d'obscurité pour les enfants en trimbale, obscurité dont on comprend bien que la narratrice l'affronte par ce récit, plutôt que ce qui la provoque.
Sarah Cillaire parle d'un "chantier qui serait une partition, une redistribution de la mémoire et de la voix en fonction des lieux", Elle dit : chantier ouvert, destiné à être retourné, redessiné, élargi de façon cumulative". Et c'est peut-être ici le défi littéraire: on nous invite dans le chantier même, avec ces éléments comme tombés durement sur le sol vie, et qui nous sont autant d'énigmes coupantes, trop dures ou lourdes pour être déplacées, et c'est pourtant là qu'est l'expérience d'écriture.
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