Ce sont des phrases qui vous viennent comme ça, cailloux durs, dans le fond d'une insomnie ou d'un rêve, ou des turbulences du jour.
Et plus moyen de les contourner.
Après, c'est la force et l'art de Michaël Glück. La capacité à rejouer sur ces quatre mots toute une vie et un chemin d'écriture et de livre, d'engagement dans les raclements du monde. On aura l'Ukraine et la liquidiation des Juifs dans le village de Klicanovo, ce que porte en lui d'exil Michaël lui-même, comme on aura les duretés du présent, comme on aura la langue, les états de la langue, le questionnement infini de la langue qui est à la fois notre ressassement et notre chemin.
Texte violent, texte beau, parce qu'il se fait à chaque reprise un sort à lui-même : explosant les mots pour mieux passer la surface du silence et du bruit qui nous encombre, le voir qu'on veut atteindre à nu. Écrire, effacer, commencer, crier, cendres et souvenir, le mal et la nuit, et l'Iliade rapportée aux massacres du présent. Et c'est bien ce qui donne sens à la langue tout entière, à nos jours tout entiers.
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