La relation des poètes aux peintres est complexe: certes pas un artiste d'un côté, et un artisan du langage à son service de l'autre.
Les peintres qui bousculent la règle du jeu (et quelle période plus riche et plus sismique que ce tout début du XXe siècle, avec Picasso, Braque, Juan Gris, Léger, Duchamp...) provoquent d'abord le refus des bien-pensants. Il s'agit pour la langue de venir justifier cette rupture, analyser ce défi neuf à la beauté.
Mais les poètes sont des silencieux, loin de la reconnaissance publique des premiers. La novation radicale d'Alcools est contemporaine de ces textes : comme Baudelaire dans ses textes sur Constant Guys ou Delacroix, comme Ponge dans son Atelier contemporain, il s'agit aussi, pour le poète, de définir les règles neuves qui valent pour son langage.
Et cela touche à la représentation, à l'organisation du tebleau. Cela touche à la singularité des êtres (merveilleuse et étrange figure du Dounaier Rousseau quand il surgit dans ces pages, ou la capacité à reconnaître ce qui germe chez Duchamp).
Dans ces deux textes, Sur la peinture, et Peintres nouveaux, plus tard rassemblés parmi les Méditations esthétiques, Apollinaire nous donne une leçon concernant la rupture même, pour l'art, et pour la société.
Et c'est un bonheur qui résonne loin au-delà des peintres que – le tout premier – il reconnaît et analyse.
FB
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