On en était au basculement, à ce lieu – Avignon –, ce temps – avant la perte administrative des papiers – où l’on attend – quoi faire sinon ? – l’échéance. Le passage inexorable vers la clandestinité.
Il marche, comme nombre d’hommes et de femmes migrant d’une frontière à l’autre, la perte de ses papiers d’identité le confine à l’errance.
Qui est-il, où va-t-il, quel est son nom ? Quelques dates, un nom, une empreinte. Voilà ses seuls repères, ce à quoi nous réduit l’administration. Mais on ne se résume pas à quelques données. La vie déborde ce carcan.
C’est le point de départ de cette enquête : une crue intérieure qui pousse le corps à se mouvoir. De là à arpenter le monde par son envers, tâcher de retrouver un nom qu’on a perdu, vivre au niveau du sol avec comme seuls compagnons les ami·es de passage et les rats, il n’y a qu’un pas. Et tant d’autres.
Dans ce roman résolument politique, poétique, qui sait placer lecteurs et lectrices à la place de l’autre, tout un chacun peut s’imaginer réduit à cette position intenable : d’un côté pas vraiment immigré, de l’autre pas tout à fait émigré. Quelque chose entre les deux. Une sorte d’Ulysse cherchant non pas à retourner chez lui mais en. Un emmigré.
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