L'Albanie : un pays à l'écart, même dans le bloc de l'est. Une dictature écrasante, avec sa part consubstantielle de délire. Même aujourd'hui, une telle distance.
Et pourtant, qu'on ouvre n'importe quel livre d'Ismaïl Kadaré, ces profondeurs de mythe, cette complexité des êtres pour tenir, et qui s'organise en prenant à l'histoire albanaise ses propres figures légendaires.
De l'autre côté, une délégation d'écrivains français, qu'on envoie pour un colloque, mais avec sérieux accompagnement et surveillance. Comment briser la glace, comment voir ce qui n'est pas à voir ? Les cigarettes, l'alcool, aident à rendre cela poreux. Aperçus de Tirana, des arcihtiectures, puis de Saranda la balnéaire, juste au bord de Buthrot, maintenant Butrint, où Racine avait mis Andromaque.
Cela ne suffirait pas à faire une nouvelle. Il faut une autre alchimie : c'est bien sûr la littérature, l'écriture qui la donne. Quelle mise en écriture quand on vous donne si peu à voir, et comment la fiction peut s'en charger ? C'est ce que va faire la narratrice. Et puis, au bout de son travail, l'écroulement du bloc de l'est.
Il faut la précision, la verticalité de Michèle Kahn pour que la brièveté même du récit, la force de trait, joue cette complexité, vienne nous la faire vivre directement au présent.
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