Dans l'espace restreint de proses aiguisées comme des chants, la contrainte même du bref, le côté très concret des fragments de vie dont on se saisit, tout devient alors ici un miroir à vivre :
"Ainsi nous sourions faiblement, étant presque morts, à lire la fable de notre vie dans de grands volumes qu’il faut manier avec soin. Tout y est superbe de nombre et de proportions, le dessin n’en est pas brouillé par les détails. Des héros fades sortent grandis d’épreuves pareilles aux nôtres en apparence. Les yeux voient clair, les mains sont plates comme des truelles. Et pas de mauvaises herbes entre les marbres, pas de citernes d’eau croupie sous des halles en plein vent, pas de parfums s’évaporant avant qu’on les ait respirés, rien qui ait l’air de sortir à l’instant de derrière. Et pas trace non plus du fléau de l’homme : jusque-là tapi en nous, il dissimule un peu de monnaie dans sa main et tout seul au fond de quelque arrière-cuisine, sans remettre à demain de vivre, il s’apprête à dîner des restes du repas de midi de la veille."
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