L’écrivain classique est comme une plume dans la main géante d’un autre corps dont il ignore le visage et le nom, et dont jamais il n’entendra résonner le timbre de la voix. L’écrivain classique ne sait presque rien, mais pourtant il sait tout ce qu’il a à savoir, il ne se trompe pas, il est attiré par son but comme la limaille par l’aimant, il est tracté vers lui. Il n’y a pas d’autre pourquoi. L’écrivain n’a pas à se demander pourquoi le monde est là ; il constate que le monde est là, et que lui-même, également, est là pour l’observer. Il s’en félicite.
Partout, on entend dire que les écrivains furent d’abord des amoureux de la lecture. On raconte que pour devenir un écrivain classique on va d’abord aimer les écrivains classiques, qu’on va les lire pendant toute son enfance et sa jeunesse, et que pour les imiter un jour on va écrire. C’est faux. Les choses ne se passent pas comme ça. [...]
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