Au départ, en 1760, l'histoire réelle d'une religieuse de Longchamp.
Mais, pour qui a lu Sévigné ou Saint-Simon, combien d'histoires identiques pendant des décennies et décennies ? Jeunes femmes enterrées vivantes dans des couvents qui font leurs affaires de la dot déposée pour le placement. Sombres raisons d'héritages et de partage de bien. Libre disposition des êtres.
La réalité que dévoile Diderot, c'est là, la convocation de littérature. La violence simple, coercitive. Puis la tentative de faire passer l'autre pour fou. Puis la torture même.
Enfin, la perversion du système en lui-même. Et le fond sous-jacent de l'homosexualité dans sa répression tout aussi brutale.
Pas besoin de vraie publication (ça attendra la mort de Diderot, en 1790), pour que la Religieuse devienne ce brûlot où c'est tout simplement de la liberté à disposer de son corps et de sa vie, qu'il est question.
Le réquisitoire contre l'église catholique vient battre ce qu'elle est dans notre époque même, les faits divers en déchirent assez souvent l'actualité. Mais le saisissement narratif qu'impose Diderot, le basculement dans le dialogue, le tranchant des êtres, la lecture haletante qu'il provoque – c'est littérature.
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