Proust dans son atelier.
Un Proust qui cherche, et qui rage. Qui s'en prend à sa mère (dans un texte qu'elle ne lira pas), parce qu'elle n'aime pas Baudelaire.
Et capable de tenir 10 pages sur cette réflexion mesquine de Sainte-Beuve, le puissant feuilletoniste et amant de madame Hugo, qui voyait dans les Fleurs du Mal un "petit pavillon" tout au bout du "Kamchatka littéraire".
Un Proust qui attrape à bras le corps tous les défauts de Balzac, mais pour dire en quoi la littérature procède précisément de ces défauts, et de la masse imparfaite.
C'est cette phrase de départ, pour lui qui a toujours vécu dans le plus sensible, et à 35 ans comprend son échec : Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence.
Les ébauches ici sont fascinantes, parce qu'au bord de basculer dans La Recherche. Les souvenirs d'enfance (mais c'est du pain grillé qu'on trempe dans le thé, pas encore la madeleine), la figure osseuse des nobles et leur monde aux entrées closes (mais elle est comtesse, la future duchesse de Guermantes), ou la nuit, ou la première nappe – la race maudite – d'un tableau de l'homosexualité.
Alors, pour nous tous, le Contre Sainte-Beuve est la fabrique, là où on voit Proust aux prises avec l'écriture, et pas encore dissout dans le narrateur qui bientôt gommera de La Recherche tous les échafaudages.
Ce dont il est question ici, c'est d'invention littéraire, c'est du saut contre soi-même. Ce que résume bien ce mot de Proust : Non, pour écrire aussi bien que Voltaire, il faudrait commencer par écrire autrement que lui.
Et parce que nous avons tous ce livre au-dessus de notre table de travail, voici de quoi l'embarquer sur votre iPad (version epub) ou votre Kindle (version Mobipocket), votre Orizon ou votre téléphone. Et le disséquer à l'ordinateur, avec tous les outils possibles ou tout simplement, en lecture seule, le feuilleter à l'écran, intégralement.
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