Peut-être parce qu'un déménagement c'est comme l'écriture : on se prépare progressivement, parfois longtemps au premier jet, on est violemment embarqué, puis débarqué.
Sauf que dans le déménagement, c'est la vie matérielle (ce beau titre de Marguerite Duras) qui est renversée : papiers retrouvés, objets enfouis, vies précédentes qui débordent soudain à vos pieds.
Alors promener avec soi son carnet, tandis qu'on emballe les cartons avant le camion, c'est un sismographe. On ne noterait pas, on ne saurait ensuite s'en souvenir ou retrouver.
Et voici cette trace sismique de l'infraordinaire. Cinquante cartons numérotés, et la très grande maîtrise de Christine Jeanney, archéologue ou jongleuse, grave comme dans la maladie qui hante ses Signes cliniques ou joyeuse comme dans ses Fichaises.
Et pour nous, ce travail de plain pied sur les signes du quotidien, la maison par les enfants qui l'occupent. Et après l'intermède camion, les pièces vides dans lesquelles on les ressort, les cartons.
Le texte porte en exergue : "Du 1er juin 2011, 9h54, au 10 juin 2011, 20h33". Je décide qu'à 22h53 ce texte est en ligne. C'est cela aussi que déplace le numérique : écriture sismique, l'édition suit. Le pari que vous lecteurs aussi, et longtemps.
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