Qu'Antoine Emaz soit un des principaux poètes au travail en France à l'heure d'aujourd'hui, nul pour le contester.
L'oeuvre est dense, et majeure. Plaie, Boue, Os, Peau : des titres mots, qui vous prennent. Dedans, chez un éditeur à l'écart, exigeant (Tarabuste, établi dans l'Indre, et travaillant dans la tradition typographique), un travail au blanc, où le silence, la denstité graphique, la restriction à l'essentiel concourent à cette quête radicale où les mots appellent le réel.
Les amis et les lecteurs d'Antoine Emaz savent (ne serait-ce que par Lichen, lichen (Rehauts, 2006) , que l'atelier d'Emaz est vaste comme les ciels de Loire qui l'entourent. Un lecteur de la langue française, dans son histoire et son épaisseur, où Saint-Simon répond de loin en amont à Reverdy et Du Bouchet. Pour la peinture, vous croiserez Emaz du côté de Klee, autre producteur vaste et essentiel, comme en musique ses carnets vont évoquer Led Zeppelin ou Bach. Dans Cambouis, il parle de ses carnets de 2006, on apprend comme par hasard qu'il s'agit des carnets numérotés 100 à 105.
C'est à ma requête personnelle, lorsque les éditions du Seuil m'avaient confié la création d'une collection de littérature contemporaine, Déplacements, qu'Antoine Emaz avait commencé de rassembler, dans la suite de carnets accompagnant en temps réel son travail, la fabrique même des livres, mais cette permanente école de vie, ce qui deviendra Cambouis : il ne s'agit plus de cette prise de notes au quotidien, mais de comment s'articule en permanence le travail même, en quoi il est création, en quoi le poème et vivre interfèrent.
Je suis très fier, en accord avec les éditions du Seuil, d'en proposer aujourd'hui l'expérience numérique – annotations, signets, recherche plein texte, extraits qui sont à votre disposition, le livre devient votre propre atelier, et c'est bien ce qui nous fonde dans l'expérience menée à publie.net.
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