Mirages, accidents de son et de sens, altérations volontaires ou fortuites, autant de manifestation de ce que pourrait être la désécriture. Philippe Berthaut, chanteur et poète de son état, la fait fleurir en bon jardinier de la langue. Cette série de poèmes singuliers prend la forme d'un cahier pour mieux cultiver cette désobéissance et élever une langue parallèle au rang de langue propre, vivant le long de nos errances, de nos lapsus, de nos élans de tendresse poétique.
Accompagner Berthaut dans cet élan intérieur de vingt-deux jours, ce journal qui serpente, c'est le suivre en nous-mêmes. Quelle est cette langue qui nous porte et que le plus souvent nous ne savons pas dire ? À l'économie, parfois jusqu'à la rareté du son, la finesse de son nerf, il s'agit de confronter, à la lecture, à l'écriture, cette matière lunaire qui se saisit des cordes vocales pour les faire vaciller. C'est à la fois en nos corps et au-delà car, souvenons-nous, « c'est trop étroit une peau » disait Emaz. C'est sa finesse, aussi, qui nous permet de voir au-dedans, sous la gorge, la langue en construction, les hauts fourneaux du dire.
GV
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