Il faut s'y faire: Twitter est désormais un outil adulte de création. Non par culte du bref, mais par ce rapport de publication immédiate, circulante, qui permet d'être au plus près du réel et en même temps de le construire comme fiction.
Condamné par le temps bref ? Qu'on pense aux 53 jours de Stendhal pour écrire la "Chartreuse de Parme", aux 21 jours de Faulkner écrivant "Tandis que j'agonise", ou à la nuit blanche de Kafka pour "Lettre au père" : l'écriture est un rendez-vous avec soi-même, qui exige cette intensité préalable, et peut se suffire de la collision.
Et comment ne pas se souvenir du "Nadja" de Breton, et des expériences surréalistes d'écriture automatique ? Il se trouve justement que Dominique Hasselmann, piéton de Paris (on a appris à le savoir par ses blogs successifs, et comment il exerce son regard) en est familier depuis des années, de cette intersection du surréalisme et de Paris. Que c'est là son territoire.
Tunnel ? Lieu sombre, d'enfermement, de circulation contrainte. Mais lieu urbain, de rapidité, de lumières éphémères. Le tunnel ici est celui qu'on fore en soi-même. La contrainte d'écriture, les 140 caractères de twitter, la publication sans retour, vont l'obliger 140 fois à aller chercher en soi-même une image, un choc, un dérèglement.
Alors oui, l'ensemble est trace construite, et twitter aura été la table d'écriture – table avec ville. Préparation et atelier de ce qui ici se lit en continu, dans sa densité, et peut-être aussi dans l'arbitraire que la contrainte lui confère. Ce qu'on appelle, précisément, écriture.
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