Paraît ce jour le dernier livre de notre année 2022 : le second volet du diptyque L'Amitié des voix de Jacques Ancet. Intitulé Le temps des voix, il complète et achève cette remarquable étude sur les écritures poétiques de référence, couvrant cette fois un pan plus contemporain que le premier tome. Entre lecture, écriture et traduction, vous y retrouverez notamment Jacques Roubaud, André Du Bouchet, Alejandra Pizarnik ou Antoine Emaz.
Vous l'aurez compris, l'année 2022 aura été pour nous particulière. Nous vous avions fait part il y a plusieurs mois de nos désirs de métamorphose : une nouvelle maison d'édition appelée à voir le jour pour poursuivre différemment notre voie, et continuer à faire entendre les voix qui nous portent. Nous avons travaillé en ce sens pendant la majeure partie de l'année, dressé un projet ambitieux et singulier, projet que nous ne serons malheureusement pas en mesure de concrétiser. Les causes sont multiples, au premier rang desquelles l'équilibre précaire du marché du livre à ce jour. Aux dysfonctionnements du covid se sont enchaînées les hausses des prix du papier, la rareté des matières premières, conséquences (mais pas seulement) de la guerre en Ukraine, et les incertitudes du secteur liées au rapprochement d'Hachette et d'Editis. Une certaine forme de lassitude, aussi, face aux difficultés de plus en plus grandes pour un petit acteur tel que nous d'exister en marge du système éditorial dominant. Mettre en œuvre notre vision et construire ce projet, qui impliquait un nombre de parutions moindre, la création d'une revue, et une prise de la distance avec l'impression à la demande, n'est plus réellement à notre portée. Plutôt que de rentrer dans le rang et de faire des concessions sur le type de littérature que nous souhaitions proposer, ou minorer nos ambitions en terme de qualité d'objet, nous avons décidé de mettre de côté notre projet. C'est l'occasion pour moi de remercier Virginie Gautier, Christine Jeanney, Roxane Lecomte et Benoît Vincent pour la qualité de nos échanges sur la question depuis bientôt un an. Cela n'enlève rien à tout ce que nous avons pu accomplir ensemble ces dernières années, avec une grosse pensée pour Philippe Aigrain, qui était au centre de ce collectif.
Cela ne change rien au devenir de publie.net : nous maintiendrons comme prévu la disponibilité des livres passés pour tous les titres maintenus au catalogue d'un commun accord avec les autrices et auteurs concerné-es. Le site restera accessible et la distribution (physique, numérique) des livres effective. Nous ne nous interdisons pas, non plus, de proposer à l'avenir quelques nouveautés ponctuelles : ce sera le cas, notamment, avec le second roman de Philippe Aigrain, Jachère, sur lequel il travaillait encore quelques jours avant sa mort à l'été 2021. Il y aura également, à n'en pas douter, des initiatives éditoriales plus personnelles, par exemple liées au devenir de certaines collections qui pourraient poursuivre indépendamment leur parcours ou des actions menées par certains d'entre nous, et nous serons heureux d'en faire l'écho. Mais il n'y aura plus de parutions régulières comme ça a pu être le cas depuis presque quinze ans.
L'une des conséquences directes de ce ralentissement concerne la question des abonnements numériques. Les abonnements aux collectivités et bibliothèques ne seront pas renouvelés au-delà du terme des contrats actuels. Les abonnements aux particuliers restent quant à eux fonctionnels, mais seront proposés à un prix adapté (35€ par an), pour l'ensemble du catalogue, pour coller à ce nouveau contexte sans nouveautés régulières. Pour celles et ceux ayant souscrit à un abonnement aux anciens tarifs ces dernières semaines, n'hésitez pas à nous contacter pour que nous en discutions : des envois de livres imprimés pourront être proposés en dédommagement.
Ce n'est sans doute pas la nouvelle que vous attendiez ; à nous de ne pas considérer cela comme une fin. Publie.net continuera de vivre tant que les livres publiés au fil des ans continueront d'être lus, aimés, questionnés, partagés. Maintenir la disponibilité des livres (y compris pour les commandes sur site que nous continuerons à honorer) le permettra. Au-delà, c'est aussi entre vos mains que ça se joue et nous vous faisons pleinement confiance pour cela.
Nous continuerons d'échanger sur des bases moins régulières que par le passé via cette lettre d'info, notamment pour nous faire le relai des livres publiés par des autrices et auteurs de la maison chez d'autres éditeurs, comme nous commençons à le faire ici (voir ci-dessous), voire pourquoi pas pour y proposer des textes courts à partager, et pour continuer à faire vivre le catalogue. Sans oublier, bien sûr, notre prochain rendez-vous autour du Jachère de Philippe, qui devrait prendre la forme d'un financement participatif. Et croyez bien que nous aurons besoin de vous pour mener ce projet à bien. D'ici-là, portez vous bien,
Toute l'équipe publie.net
Il ne faut pas mésestimer le poids des notes dans le parcours d’un écrivain. Qu’il s’agisse d’essais, de préfaces ou de chroniques, ces textes parallèles esquissés le long de l’œuvre en cours en disent long sur la circonférence de ses lectures, et donc sur sa profondeur de champ. En somme, les auteurs que l’on porte en soi façonnent autant notre réalité que notre environnement direct ou notre histoire personnelle.
Dans son cycle critique « L’amitié des voix », Jacques Ancet réunit moins un panthéon d’auteurs qu’une colonne vertébrale, nécessairement subjective, d’œuvres ayant soutenu sa voie : « une géographie de préférences personnelles qui s’étend sur près de quarante ans ». Car on n’écrit pas sans l’autre, et dresser la carte de ses voix d’écriture, c’est livrer un peu de soi-même.
Ce second tome réunit des auteurs contemporains vivants — ou presque, comme Philippe Jaccottet, Bernard Noël et Michel Deguy récemment disparus —, dont la naissance s’échelonne, en gros, dans la décennie des années 20 et 30, et 30 et 40. D’autres auraient pu figurer ici, notamment de plus jeunes, mais il fallait se donner des limites et c’est bien arbitrairement que ce parcours s’achève finalement avec trois auteurs nés dans les années 50 : Andrés Sánchez Robayna pour son importance dans le panorama des lettres hispaniques actuelles et, par l’effet des circonstances, en l’occurrence leur disparition prématurée, Thierry Metz et Antoine Emaz.
Nos nouveautés 2022
Viennent de paraître sous d'autres frontières
Tu restes irrémédiablement belle, même perdue, et de la même beauté que celle du début de séance quand le maquillage, la coiffure, la parure te rendaient si indestructible. [Avedon] peut faire le malin jusqu'à la fin des temps : c'est toi qui as gagné. Nous sommes le 6 mai 1957. Tu as déplacé la beauté.
S’ensuivit l’histoire de ce cadre qu’on avait retrouvé mort dans son bureau un lundi matin. Il s’y était enfermé le vendredi soir, avait avalé une énorme quantité de médicaments, arrosée d’une quantité d’alcool tout aussi impressionnante.
