[REVUE DE PRESSE] Demain la Commune : faire revivre la révolte (Addict Culture) 18 juin 2021 – Publié dans : La revue de presse
Merci à Addict Culture pour cette chronique que vous pouvez retrouver ici-même.
Tandis que certains politiques sont plus prompts à célébrer la figure controversée de Napoléon, nous fêtons en même temps les 150 ans de La Commune de Paris. Il est certain que cette révolte étouffée dans le sang a eu un impact sociétal bien plus enthousiasmant que les délires d’un empereur va-t-en-guerre. Avec cet anniversaire, nous commençons tout juste à mesurer l’héritage de La Commune. Dans Demain, la Commune ! Philippe Éthuin réunit un ensemble de textes écrit entre 1872 et 1899 qui anticipe les lendemains plus ou moins heureux de la Commune. La force d’une telle anthologie se trouve dans la diversité des propositions venant de tous bords politiques.
On l’a tuée à coups d’chassepot. / À coups de mitrailleuse, / Et roulée avec son drapeau / Dans la terre argileuse / Et la tourbe des bourreaux gras / Se croyait la plus forte / Tout ça n’empêch’pas, Nicolas, / Qu’la Commune n’est pas morte ! Eugène Pottier
Que ce soit avec André Léo, Émile Second ou René de Maricourt, les événements de 1871 ont laissés une trace indélébile. Jules Bailly et René de Maricourt caricaturent les communards pour mieux imaginer la conservation de l’ordre bourgeois. Mais André Léo, Eugène Pottier ou encore Olivier Souëtre font perdurer l’esprit de 1871 pour le valoriser, le rendre éternel. Eugène Pottier, celui qui écrivit l’Internationale, scande « qu’la Commune n’est pas morte ». En contre-point à ces engagements, le texte d’Émile Second se voit plus pessimiste, imaginant des lendemains plus sombres pour la république.
Demain, la Commune ! est un formidable livre pour comprendre ce que représenta la révolte parisienne à son époque. Par ces textes, on peut voir qu’elle fut un épisode fondamental dans la vie politique du XIXe. Malgré son écrasement, on peut difficilement imaginer l’avènement de la IIIe République sans elle. La littérature que l’on retrouve dans cette anthologie veut imaginer et alerter sur la politique du pays, que ce soit pour aller contre l’esprit de la Commune ou au contraire lui offrir une immortalité.
Aujourd’hui on préfère rendre hommage à un empereur sanguinaire et faire surveiller par la police des rencontres littéraires organisées pour les 150 ans de la Commune. La lecture de cette anthologie peut permettre de faire revivre une révolte qui enthousiasma des générations. Avec un tel livre et d’autres encore, nous ne sommes pas totalement délaissés par cette époque remplie de rancœur et où on laisse fleurir la haine contre laquelle lutta le peuple de Paris en 1871.