Quelque chose que je rends à la terre : du paisible au cosmique (L'Espadon) 27 mai 2021 – Publié dans : La revue de presse
Merci à L'Espadon pour cette belle chronique autour de Quelque chose que je rends à la terre, que vous pouvez retrouver ici-même.
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Je découvre cette poésie au sol, sans écologisme béat, les deux pieds dans la terre ou dans les cales pour trouver le bon braquet, le bon rythme, le juste souffle. Ce n'est pas un horrible hymne de nos campagnes mais la conscience d'une présence, qui tente de reprendre le contrôle dans le laisser-aller de la phrase, du flow de transport pour neutraliser les injonctions au travail, aux horaires, les obligations financières. Dépasser les métaphysiques du loyer, embrasser des traversées, les écouter, accueillir les solitudes dans l'éloge d'un vagabondage terrestre plein d'humus et de gazon, d'obstacles de bois et de bêtes qui parlent. Ecouter les corps et contempler les chairs dans le travail de la terre, retrouver la simplicité du geste, la bonne indexation, la patience au bon rythme pour faire pousser le potager comme un candide dans son jardin. J'aime la scie Sugoï et le filtre de la terre pour aller à la rencontre de son goût oublié, ses écorces trop lissées. Du paisible au cosmique, Sébastien Ménard part en quête de fraîcheur et de pluie, de bruine qui fouette le visage, de sureaux pour s'habituer à douter. Retour aux mots, retour au je pour "savoir être dans l'instant" à la recherche de la terre perdue. Le poète réapprend à vivre en se libérant du revenu fiscal de référence pour rejoindre l'oscillation des jours de grand beau, les chemins qui ne disent rien sinon leur absence de flamme rouge. Marchons, marchons ensemble, sans rien attendre, paisiblement, le plaisir de la fatigue dans les veines, sans compter les bornes, pas dupe de nos illusions d'un retour au fantasme de Nature, de nos errances, qui pourtant nous reconnectent à quelque chose. La poésie ? J'ai encore pensé au mot / improvisé / j'ai posé des questions / seul dans ma nuit /j'ai jeté de la parole / dans le noir / ami, on marche sur un fil / on continue / on s'obstine.