[REVUE DE PRESSE] L'enfant-poisson : retrouver le goût de l'enfance (L'Espadon) 26 avril 2021 – Publié dans : La revue de presse
Merci pour cette belle chronique à retrouver sur le site de L'Espadon.
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Je ne connais rien à la pêche mais ça ne m'a pas empêché d'aimer la poésie de Christophe Esnault. D'abord pour son flow de mots et ses flots de jeux de mots en son, ou tout simplement ces morceaux d'enfance bercés par la joie du souvenir qui est avant tout une façon de ressentir une émotion au bord de l'eau, auprès des carpes et des gros "lolos". J'ai été hameçonné par cette poésie frontale, simple et accessible, qui embrasse le courant d'un cours d'eau, rapide ou tranquille, pour se rappeler qui on a été. Rien d'ennuyeux au milieu des silures et des poissons, juste l'itinéraire d'un gars passionné qui, au jeu des miroirs déformés et déformants, tente de refaire surface avec les yeux de l'adulte à ses obsessions, ses solitudes et ses rêves enfuis, noyés ou rencontrés. La pêche comme la nécessaire ouverture d'un territoire de l'enfance en construction et l'étang, la mare, la rivière, le théâtre d'une fluidité retrouvée au son des mots qui collent et résonnent. Ce qu'on voit finalement, c'est un type très touchant qui ressemble à tous les enfants et les ados qu'on a pu être. La perche est là pour "déstructurer une danse", l'homme se fait animal et l'enfant poisson-chat, l'irruption du désir aussi dans les rêveries du jeune homme au fil de l'eau saturé de misères, attentif aux spécificités techniques de son art entre flotteurs, ligne de plomb et plioirs. Apprentissage et initiation, une canne à pêche en main, ce recueil est passionnant par son réalisme et la sincérité des bouts de vie qui s'y déploient. Ça chante, ça fuse des gardons aux ablettes, des silures aux anguilles pour une seule et même raison finalement, retrouver le goût de l'enfance, ses saveurs avec ses abandons, ses solitudes et ses moments de joie. Splendide !