Carnet de bord 2021, semaine 16 25 avril 2021 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , , ,

publie.net, le feuilleton (que le monde du livre nous envie) à retrouver chaque semaine, par GV.

lundi

C'est officiel, le Marché de la poésie est reporté à l'automne. Ce n'est que le troisième report de suite, après tout, nous devrions être habitués, et de fait nous le sommes.  La Comédie du livre, quant à elle, se destine à une forme essentiellement numérique. Plutôt que rêvasser à des formes d'évènements n'ayant pas lieu, mieux vaut se concentrer sur des tâches terre à terre. Par exemple, Philippe passera la journée dans ses scripts pour générer depuis des tableaux en csv des relevés de droits à envoyer prochainement aux autrices et  auteurs. Par rapport aux droits 2019, l'ensemble des relevés 2020 enregistrent une baisse de 6,5% des droits à régler, soit un impact tout de même réduit de la pandémie. Des ventes, il y en a ce week-end : un pic soudain qui amène nombre de lectrices et lecteurs à commander, sur notre site comme en librairie, en France comme à l'étranger, J'ai été Robert Smith de Daniel Bourrion. Il va falloir repasser commande à l'imprimeur pour servir tout le monde. Bien que modeste comparée aux volumes industriels, c'est une hausse des ventes significative pour nous sur un seul titre et cela nous amène à nous demander quelle en est l'origine. Aucune recension ou article qu'on aurait loupé. Vérifications prises auprès de clients du site, il s'agit d'une mention sur un groupe Facebook de fans de Robert Smith. De sorte que (mais on le savait déjà) une simple photo sur les réseaux sociaux génère autrement plus de commandes que mettons un article dans la presse littéraire, même dans des titres prestigieux et/ou de référence. On comprendra donc aisément pourquoi l'édition depuis plusieurs années se concentrent dans ses stratégies RP beaucoup sur les influenceuses et ceurs du livre, notamment sur Instagram, et désormais sur Tik Tok (ce n'est pas un jugement, simplement un constat).

mardi

L’écriture aurait-elle cette fonction chirurgicale de trépanation et cette force alchimique de transmutation du plomb en or où la prose jouerait un rôle essentiel ? (Jacques Ancet au sujet d'Alejandra Pizarnik)

À méditer.

mercredi

Les relevés de droits d'auteur sont une course de relai. D'abord il y a l'intégration des chiffres de vente dans les rutilants tableaux (cf. les épisodes de mars de ce présent carnet), puis la génération des relevés à partir des lignes du tableau (cf. lundi), puis l'envoi par Manon, qui nous file un coup de main particulièrement bienvenue à cette étape de la course, desdits relevés aux autrices et auteurs concernés, avant que cela en revienne à Philippe encore pour les règlements à proprement parler. Et comme chaque année le calendrier est grosso modo le même, Manon m'écrit la chose suivante voyant venir le bout du nez des relevés :  Quand les jours rallongent et que le temps s'adoucit, je sais qu'un mail de publie.net ne va pas tarder, c'est un peu mes hirondelles à moi. Or les hirondelles sont également chez Jacques Ancet, via il est vrai André du Bouchet :

Tu tousses, nuage.

... une grande charge de pierres fraîches au détour du chemin,

hirondelles sur la faux.

Lesquelles hirondelles, du moins les hirondelles françaises, hivernent au sud du Sahel, où elles se gavent de termites, figurez-vous. Lesquelles termites, approchées par Maeterlinck il y a un siècle, paraissent aujourd'hui même comme troisième volume du Cycle de la Nature, rejoignant ainsi les abeilles et les fleurs, et préfigurant l'espace et les fourmis : c'est La vie des termites tin tin tin tin !

jeudi

Livraison attendue ; livraison reportée à demain (on ne saura pas pourquoi). Échange à X voix sur les couvertures de Marguerite Audoux et de Enfin tu regardes l'herbe, de Fred Griot, tous deux prévus à l'automne. Reprise de manuscrits en cours : certains qui semblaient prometteurs lors de leur réception en réalité ne le sont pas tant que ça, d'autres qui paraissaient sans relief de prime abord en révèlent quand on progresse dans la lecture, de sorte qu'on en vient à se demander si ce sont les textes qui troublent les attentes ou bien notre propre sensibilité pas toujours bien disponible pour les saisir. Je vois bien ce qui se joue ici : plus on lit, plus on est difficile à convaincre que c'est ça qu'il faut lire, et plus on reçoit de textes plus on met en place de stratégies (mentales et le plus souvent inconscientes) pour tamiser le flux. C'est que le désir s'émousse : s'il n'y a pas ou plus de désir à aller vers un texte, ou à nous inciter à le poursuivre, comment ? Sur quelles pièces juger puisque c'est un peu de cela qu'il s'agit ? Il y a quelque temps un auteur m'écrivait après un refus, soulignant une tournure de phrase sans doute trop consensuelle (sans doute car elle l'était) que c'était normal que nous ne nous soyons pas reconnu dans son texte : chaque texte est unique. Si c'était vrai, le travail de sélection des manuscrits entrant serait à la fois plus plaisant, et plus fastidieux.

vendredi

Voilà enfin ma livraison, qui contient notamment Lent séisme dans sa version définitive et Climats dans sa troisième tentative de satisfaire nos désirs, là encore (la première fois la couverture était trop sombre, la deuxième fois trop foncée, là c'est Boucle-d'or-et-les-trois-ours-bien).  Nous allons donc pouvoir souffler un peu, soulagé de rester dans les clous du calendrier présent des parutions de mai (quasiment demain), de même que pour nos parutions de rentrée (quasiment après-demain), lesquelles sont désormais en production côté imprimeur (et hop, impression d'un jeu d'épreuves), et prêtes à être présentées virtuellement aux journalistes et libraires, en attendant un catalogue plus complet et sur lequel planche Roxane présentement.