[NOUVEAUTÉ] L'Amitié des voix, volume 1 : Les voix du temps, par Jacques Ancet 7 avril 2021 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : Essais, jacques ancet
Il y a environ un an et demi, Amnésie du présent paraissait, proposant une compilation d'articles critiques et d'essais jalonnant l'œuvre et le travail (d'écriture, de lecture) de Jacques Ancet. C'était avant qu'un genre de présent permanent soit amené à peser sur nous, nous rendant toutes et tous, collectivement et seuls à la fois, victime d'un genre d'amnésie du lendemain de plus en plus lassante, mais enfin c'est une autre histoire.
Aujourd'hui, c'est un premier prolongement de ce travail qui voit le jour sous la forme des Voix du temps, premier volume d'un double ensemble intitulé L'amitié des voix et dont le pendant Le temps des voix sera proposé l'an prochain. Accompagnant ses livres et ses traductions, un lent et nécessaire travail critique s'est accompli dans l'œuvre de Jacques Ancet, qu'il s'agisse de préfaces à des livres traduits de sa main, de notes ou de conférences. Il s'est construit progressivement. Ce premier volume les rassemble et les fait communiquer les uns avec les autres dans une sphère qui va du 17e à la moitié du 20e siècle (le second se chargeant d'explorer des territoires plus proches de nous dans le temps). Véritable porte d'entrée dans l'atelier du poète (et du traducteur), cette compilation permet de mieux cerner le parcours d'un écrivain majeur de notre contemporain.
Extrait
Les textes ici réunis sont de plusieurs ordres : des essais, des préfaces à des traductions, et de simples notes de lecture. Ces notes, j’ai beaucoup hésité à les faire figurer dans cet ensemble. Si je me suis décidé, c’est parce que, malgré leurs limitations évidentes (elles ne portent souvent que sur un livre et parfois sur des écrivains ou des poètes un peu oubliés), et à côté d’études plus générales et d’une plus grande extension, elles témoignent d’un itinéraire de lecteur guidé surtout par les circonstances et un plaisir ou une émotion que j’espère pouvoir encore faire partager. Qu’on ne voie donc là aucun panorama ou palmarès mais, plutôt, une géographie de préférences personnelles qui s’étend sur près de quarante ans. Les voix dont il est question dans le titre viennent d’époques et d’horizons différents avec, bien sûr, une dominante franco-hispanique où se confond ma double activité d’écrivain et de traducteur.
Mais pourquoi avoir entrepris ce travail ? Peut-être, d’abord, afin de mettre de l’ordre là où il n’existe que le désordre du devenir qui emporte, qui efface tout. Autrement dit, pour garder une trace. Avec cet étonnement de voir, au fil du temps, se dessiner un chemin qui n’existait pas au moment où je le parcourais. Un chemin ou une cohérence qui tient à un questionnement insistant déjà au centre d’un recueil d’essais récemment paru : qu’en est-il des rapports de l’écriture et du réel — de la littérature et de la vie ? C’est pourquoi ce livre ne pouvait s’ouvrir que par une réflexion sur Don Quichotte qui est, sans doute, la tentative la plus profonde jamais menée pour répondre à cette question. Et c’est, peut-être, ce qui réunit les auteurs ici présents. Avec, aussi, le cours d’une existence habitée par l’amitié de ces voix qui, toutes, ponctuellement ou plus durablement, m’ont accompagné au long des années. C’est ainsi que, tout autant que réflexion au sens spéculatif, ces textes le sont au sens spéculaire du terme : ils réfléchissent une clarté — une échappée — qui a souvent éclairé ma lecture et ma vie et dont, depuis longtemps, je voulais témoigner. L’ordre choisi n’est, tout simplement, que l’ordre chronologique : quatre auteurs du XVIe siècle espagnol et deux du XIXe français (Cervantès, Jean de la Croix, Góngora, Quevedo, Mallarmé, Rimbaud) ; des auteurs nés à la fin du XIXe siècle et dont la vie et l’œuvre se sont déroulées pour une bonne part dans la première moitié du XXe (Unamuno, Jiménez, Gómez de la Serna, Reverdy, Huidobro) ; des auteurs nés dans la première et au début de la seconde décennie du même siècle (Aleixandre, Cernuda, Zambrano, Guillevic, Ritsos, Simon, Cortázar, Malrieu, Paz).
Le deuxième tome, Le temps des voix, réunit pour sa part des auteurs contemporains presque tous encore vivants, dont la naissance s’échelonne, en gros, dans la décennie des années 20 et 30, et 30 et 40. D’autres auraient pu figurer ici, notamment de plus jeunes, mais il fallait se donner des limites et c’est bien arbitrairement que ce parcours s’achève finalement avec deux auteurs nés au seuil des années 40, auxquels se sont ajoutés, pour son importance dans le panorama des lettres hispaniques, Andrés Sánchez Robayna et, par l’effet des circonstances, en l’occurrence leur disparition prématurée, Thierry Metz et Antoine Emaz.
Il ne faut pas mésestimer le poids des notes dans le parcours d’un écrivain. Qu’il s’agisse d’essais, de préfaces ou de chroniques, ces textes parallèles esquissés le long de l’œuvre en cours en disent long sur la circonférence de ses lectures, et donc sur sa profondeur de champ. En somme, les auteurs que l’on porte en soi façonnent autant notre réalité que notre environnement direct ou notre histoire personnelle.
Dans le premier opus de son cycle critique « L’amitié des voix », et dans le prolongement de son précédent essai Amnésie du présent, Jacques Ancet réunit moins un panthéon d’auteurs qu’une colonne vertébrale, nécessairement subjective, d’œuvres ayant soutenu sa voie : « une géographie de préférences personnelles qui s’étend sur près de quarante ans ». Car on n’écrit pas sans l’autre, et dresser la carte de ses voix d’écriture, c’est livrer un peu de soi-même.
Pour ce volume, à travers les siècles, nous suivons un sillon majoritairement franco-hispanique qui va de Cervantes à Claude Simon via Quevedo, Mallarmé ou Maria Zambrano, sans oublier Borges. Quant à savoir qui s’exprime en marge de ces textes, c’est à la fois le poète, l’écrivain, le professeur, le lecteur, le traducteur, tant tout est intriqué dans l’acte littéraire.
336 pages
ISBN papier 978-2-37177-613-5
ISBN numérique 978-2-37177-257-1
25€ / 6,99€
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