[NOUVEAUTÉ] Sœur(s), de Philippe Aigrain 23 septembre 2020 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : informatique, philippe aigrain, sœur(s), sororité, surveillance, technologie
Ce récit tripartite se présente sous la forme d’une polyphonie qui permet de porter un regard décalé et critique – ébahi ! – sur « notre grand camp de consommation forcée et de travaux bureaucratisés ». Fabrice Thumerel, Libr-Critique
Il y a d’abord ce choix, à la fois fort et singulier, tenu jusqu’au bout, d’une narration uniquement par des voix. (...) Ce qui est très juste par rapport au récit qui interroge la façon dont nous sommes façonnés par nos rencontres et nos relations. La place que nous nous accordons dans l’espace social et ce qui, de l’extérieur, nous définit. Entre les deux, quelle est notre identité profonde, s’il en est une ? Et comment cette identité peut aussi être déstabilisée, vaciller, ou être simplement touchée ? Virginie Gautier
« Sœur(s) » nous offre, face à ce qui écrase comme par réflexe, une plongée libératrice de poésie, d’amour et de gratuit malicieux, nous rappelant s’il était nécessaire que, malgré le dicton, l’enfer est plus souvent pavé de mauvaises intentions que de bonnes et que l’étonnement constitue bien, jusqu’au bout, une fonction humaine vitale, en toutes circonstances. Hugues Robert, librairie Charybde
Je suis en moi comme dans un pays étranger, dit l'un des personnages du livre Sœur(s). Se sentir étranger en soi, qui ne l'a pas déjà ressenti ? Se sentir soi étranger dans ce monde, ce continent, ce pays, cette ville, cette époque que l'on croyait sienne, si la chose est jamais possible, n'est-ce pas également curieusement répandu en ces temps tourmentés ? Des temps de surveillance généralisée (avant, pendant, après la pandémie), de répressions policières (déjà, avant les gilets jaunes), de délits de solidarité, de paranoïa gouvernementale, d'oligarchie décomplexée, de tragédies migratoires. Quand on traverse collectivement ces temps, quel espace trouver pour justement se trouver ? Quelles possibilités de se lier, de s'en remettre à une forme de mouvement collectif ?
Dans Sœur(s), le mouvement est pluriel. Des identités fictives commencent à se répandre sur le territoire. Chacun dans son rôle, les services de police enquêtent, les amoureux désirent, des amitiés se tissent, les militants font front. On se construit des rapports neufs avec des inconnu·e·s qui n'en sont pas moins, potentiellement, des frères, des sœurs. Et dans un monde connecté où tout se sait instantanément, où la moindre information peut se répandre en quelques microsecondes, ces personnages se cherchent des sentiments nouveaux, et une présence à l'autre.
Philippe Aigrain oppose la polyphonie de ses personnages humains à la monomanie d'un système qui ne vise qu'à sauvegarder le Système. Chacun dans son regard, chacune dans sa voix, ils (et elles) s'accompagnent sans jamais prendre le pas sur l'autre, comme le feuillage des arbres à proximité de leurs congénères, selon le fameux principe de timidité. Tour à tour enquête, roman politique, récit contemporain, thriller, poème en prose, comédie grinçante ou anticipation technologique, Sœur(s) s'accomplit dans sa multitude et porte sur notre présent immédiat mille regards indociles capables de faire éclore un futur neuf.
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Ce qu'on peut lire en quatrième de couverture
Je suis en moi comme dans un pays étranger.
On peut naître à soi-même à déjà 38 ans, sans savoir qui on a pu être avant. Avant quoi ? On peut recevoir un jour un mail d’une prétendue sœur dont on se sait dépourvu et espérer sa présence. Pourquoi ? On peut enquêter sur des identités suspectes qui semblent fictives sans parvenir à savoir si ces femmes, soupçonnées d’ébahissement, sont ou non une menace pour la sécurité de l’État. Comment ?
Ces personnages, et bien d’autres, se rencontrent, se cherchent et se découvrent dans le monde de Sœur(s). Il est aussi le nôtre, celui dont le réel a très largement rattrapé les dystopies et les anticipations de la fiction. Celui qui a fait de la solidarité entre les êtres un délit.
Se jouant des genres et des registres, mélangeant l’enquête avec le politique, la technologie et la comédie, la philosophie et la sensualité du désir amoureux, les personnages de Sœur(s) osent réinventer des espaces de vie dans lesquels l’espoir de la fraternité et de la sororité est possible. Dans cette polyphonie de voix, le mystère de l’identité à l’ère de la surveillance généralisée se reconnecte à son essence première : l’humanité de celles et ceux qui se demandent, bien plus légitimement que les services de police, qui suis-je ?
Philippe Aigrain est poète, performeur, auteur de fictions brèves et traducteur. Sœur(s) est son premier roman.
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252 pages
ISBN numérique 978-2-37177-239-7 : 5,99€
ISBN papier 978-2-37177-601-2 : 17€
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