Carnet de bord, semaine 42 20 octobre 2019 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : antonin crenn, Emanuela Schiano di Pepe, Fabrizia Ramondino, Hédi Cherchour, philippe castelneau, Xavier Briend
lundi
mardi
Rendez-vous avec Philippe ce matin pour boucler notre dossier d'aide CNL numérique (un cycle de deux ans de publication qui prend fin avec Paysage augmenté). J'en profite pour lui apporter une épreuve de Retours reçue il y a quelques jours. C'est de la paperasse et des notes manuscrites dans un petit carnet ce qu'on fait (ce qui n'est, en soi, pas très numérique). Il y a un ordre du jour et, comme tout bon ordre du jour qui se respecte, nous oublions un point. Il faut que j'aille récupérer les invendus du lancement de Ambiance garantie au Monte en l'air mais je dois aussi déposer des Nouvelles de la ferraille et du vent en dépôt dans le 18e, pour enchainer avec un rendez-vous là-bas, oui mais alors mon rendez-vous est reporté à la semaine prochaine, ce qui est ébranle un peu l'architecture de mon après-midi, ce qui me conduira à déplacer les deux passages en librairie à demain, mais alors je suis désormais dispo pour prendre un verre avec Philippe Casteleneau vers Gare de Lyon, alors qu'hier encore, avant de savoir pour aujourd'hui, je ne l'étais pas, tout ça car je ne suis pas dans le 18e finalement, alors en quelques messages on s'organise ça, malgré des indépendantistes catalans qui se sont attachés sur les voies et on retardé des trains, d'ailleurs n'est-ce pas lui que j'aperçois dans le Hall 1 ? Zut, je ne sais pas, il me semble, mais bon je n'ai pas mes lunettes, me voilà donc à lui courir après et à me dire je suis peut-être en train de stalker un inconnu mais en fait non, c'est une histoire qui finit bien, c'est bel et bien lui dans ce Hall 1, alors nous sortons de là, on se pose quelque part et nous parlons de rock bien sûr, de livres, d'onirisme et d'écriture sans écriture (liste non exhaustive).
mercredi
Voilà qu'un nouvel article des Échos vient danser sur les cendres encore supposément chaudes du livre numérique, ce qui en soi pose quelques questions : 1) combien de journalistes qui traitent du sujet (uniquement via l'angle des chiffres semble-t-il) ont lu, dans leur vie, de livres numériques (parfois on en est en droit de se demander de livres tout court) ? 2) quelle érosion des ventes papiers pour leurs propres journaux ? 3) pourquoi clique-t-on encore sur des liens menant vers des articles des Échos ? Un mystère en soi. Et puis, il y a le carnet de bord. D'ordinaire, je l'écris chaque jour, c'est donc pris sur le vif (quand il y a du vif). Cette semaine non. Ce matin, j'en suis à me dire, mais fuck le carnet de bord. Cette semaine, je l'écrirai pas. Et puis ça sert à rien. Je n'ai pas le temps, de toute façon. Ah, quelle libération ! Mon cœur est plus léger ! Bien sûr, dans la minute qui suit, j'en suis, justement, à écrire le présent carnet de bord. C'est donc, en soi, un fail. Ou bien, au contraire, une réussite ? C'est encore une histoire de points de vue. Et on ne saura véritablement jamais. Même si, comme on l'a vu, du fait d'un artifice narratif de toute beauté, le lundi n'apparaît que sous la forme d'une allégorie de planning. Malin. Il faut néanmoins partir récupérer les Ambiance garantie (que j'ai remis au lendemain hier, ce qui fait donc d'aujourd'hui aujourd'hui, et c'est, en soi, assez rassurant je trouve), mais pas via la 6 qui est bloquée, il convient donc de prendre la 2 via la 8 puis la 1, avant de ressortir dans un monde tout bruineux, récupérer les livres, repartir, prendre de nouveau la 2 mais cette fois conjointement à la 12 pour déposer en dépôt des Nouvelles de la ferraille et du vent, échanger quelques mots avec le libraire, nous lamenter ensemble que la France et les Français n'aient pas la culture de la nouvelle et espérer des lendemains meilleurs, repartir dans l'autre sens (un autre sens tout aussi tout bruineux que l'aller je vous ferais remarquer), reprendre la 12 pour cette fois retrouver la 6, qui refonctionne, via la 14, et rentrer une heure et demi grosso modo après être parti.
jeudi
J'ouvre la deuxième version des Présents, roman d'Antonin Crenn dont il s'apprête, dans quelques jours, à faire une lecture dessinée à Saint-Michel-en-l'Herm en compagnie de Benjamin Adam. dans le cadre de sa (fin de) résidence à Luçon. J'ai toujours du mal à rentrer dans un manuscrit, quel que soit le manuscrit par ailleurs, et quelle qu'en soit la version. Parce que ça implique de se mettre dans un espace (ou dans un temps) différent de tout le reste : prendre du recul, faire un pas de côté par rapport au rythme des choses quotidiennes, des tâches X ou Y, chercher en soi une forme de lenteur. Je connais pourtant le texte. J'ai lu une première fois fin juin. Et je suis assez curieux de savoir dans quelles nouvelles directions il a pu aller, et comment il se donne les moyens d'y parvenir. J'écris souvent dans mes mails "Je commente toujours beaucoup à ce stade", sans doute parce que c'est vrai. C'est encore plus vrai au début, où il faut accorder un soin tout particulier à ce que le lecteur, ou la lectrice, futur(e), non seulement morde, mais tienne. Là, en un après-midi, j'atteins à peine les 5% du manuscrit, et avec 5% de batterie restante, je crois que je suis au bout. La vitesse de croisière, ce n'est pas encore pour tout de suite. J'irai tout de même jusqu'à dix avant la fin de cette journée qui me voit écrire dans un mail interne genre hyper confidentiel ne riez pas de mes rêves svp ! On n'en dira pas plus.
vendredi
Il serait faux de penser que quand on propose l'envoi d'un exemplaire d'un livre en service de presse, les destinataires ciblés choisissent systématiquement l'objet imprimé par rapport à un fichier numérique. Quand je ne connais pas les us et coutume de lecture de tout un chacun, je le propose au préalable, donc c'est au choix. Évidemment, un envoi numérique ne coûte rien à la maison d'édition (ni frais d'impression, ni frais de port, qui tendent à augmenter d'année en année de façon exponentielle, c'est d'ailleurs un problème), on est donc très heureux quand on préfère un envoi par ce biais. Mais c'est notre philosophie de lecture en général (et pas seulement pour la presse) : chacun doit être libre de lire ce qu'il veut sous la forme qu'il souhaite. Il est d'ailleurs tout à fait étrange de voir fleurir à chaque rentrée des photos de piles démesurées de service de presse dans les rédactions : s'il y a bien un cas où il serait plus pratique pour tout le monde de s'en remettre au numérique, c'est bien celui-là (sauf que bien sûr un fichier numérique ne se revend pas chez Gibert). Mais il y a autre chose à penser aujourd'hui, à commencer par une affiche à faire imprimer pour le Salon de L'autre livre début novembre aux Blancs Manteaux.