L'an dernier à la même époque, c'était la fin du monde. Non pas le nôtre mais le nôtre (l'italique, ça change tout), ceux de la Malaïgue et d'Eurydice (mais une Eurydice aujourd'hui), de la peste noire et de la crise financière, ou bien encore d'une troisième guerre mondiale qui ne dit pas son nom. Vaste programme. L'année précédant l'année précédente, nous souhaitions interroger les absents et l'absence même, voire pourquoi pas tenter quelques escapades : c'était nos nouveaux westerns à nous (mais de l'Est). Et un an plus tôt encore, on en était à craindre la surveillance de masse (fort heureusement, comme chacun sait, tout est rentré dans l'ordre depuis...) et à REPRENDRE COURAGE CAR IL N'Y A PAS À AVOIR HONTE DU PARTAGE LIBRE ET CONSENSUEL DE RESSOURCES NI DES ÉMOTIONS COMPLIQUÉES QUE CE PARTAGE PEUT FRÉQUEMMENT SUSCITER DANS LES ZONES D'ÉROGÉNIE TEMPORAIRE (pardon je me suis dit que ça passerait mieux en majuscules). On pourrait remonter comme ça un certain temps dans le passé, ou bien, qui sait, anticiper l'avenir : que serons-nous dans un an, dans deux, dans dix ? Publierons-nous en 2054 un essai sur la tendance des cyborgs littéraires (oui parce qu'en 2054 on cédera plus facilement qu'aujourd'hui aux tendances de la profession) ? Lancerons-nous en 2072 non pas des ebooks mais des hibouques, que la presse saura saluer comme je cite une reconquête de l'objet livre par le prisme des plumes de nos oiseaux de nuit favoris (en 2072, le lyrisme critique est intact) ? Referons-nous le coup de la fin du monde en 2086 pour fêter le dixième anniversaire de la vraie ? Organiserons-nous une retraite publie.net à Arras (qui sera devenue entre temps une station balnéaire tropicale des plus chics) ? Continuerons-nous à tenir un Carnet de bord en cette époque tourmentée qui aura vu le retour des sauvageries mutantes après l'avènement de la Peste écarlate ? Y aura-t-il encore des Comédie du livre de Montpellier où vous retrouver en ces temps nappés de pluies radioactives ? Comment savoir ?
Justement, on ne sait pas. Et en réalité, on ne peut que se consacrer pleinement au présent (c'est-à-dire, pour nous qui travaillons à demain, aux jours, semaines et mois qui viennent). Par exemple avec un troisième volet dingue pour la tétralogie hors normes de Stéphanie Benson, Moros, à paraître en papier. Mô, quant à lui, fera un petit détour dans le passé, entre le troisième et le quatrième tome de la Saga, le temps de retrouver son comparse Aristide (cf. le deuxième épisode qui porte son nom). À ne pas manquer également tout bientôt (en numérique du moins) : Michelet revient ! On vous en dit plus très vite. Et puis, dans le domaine des essais cette fois, nous irons au-delà de la notion même de fin (des autres et de soi, de nos œuvres et de nos pas dans le monde) avec Erased signé Isabelle Pariente-Butterlin. Dans ce traité, nous questionnerons, dans le sillage de De Kooning effaçant Rauschenberg, les rouages mêmes de l'écriture et de nos identités numériques, à la fois curieusement fissibles et insécables. C'est tout le paradoxe.
D'ici-là, et par-delà tous les effacements du monde possibles : l'avenir, c'est-à-dire la prédiction du futur en scrutant nos publications passées ou en mesurant le chemin parcouru, est entre de bonnes mains. Les vôtres.
Pré ou postapocalyptiquement vôtre (on ne sait pas trop),
Toute l'équipe publie.net
Notre actualité
Rilke !
Les deux tomes des Poèmes nouveaux désormais disponibles en bilingue, dans une nouvelle traduction de Lionel-Édouard Martin.
Toujours disponibles
La vie dans ses plans, Paris en ses pliures ; le roman et ses représentations. L’épaisseur du trait nous plonge dans une introspection pleine de miroir, comme en quête de perspective, de cette dimension manquante où pourrait se comprendre le passage à l’âge adulte. Au creux d’une langue limpide, d’une patine presque intemporelle, Antonin Crenn écrit un roman léger, profond comme les interstices ouverts par cette lente découverte d’un espace à soi qui nous est conté.
— Extrait de la chronique du 3 janvier 2019 à retrouver sur La Viduité
Dans cet étrange catalogue des métiers d’un autre temps — pour la plupart… —, découvrez comment le peuple de l’autre siècle rivalisait d’ingéniosité et de débrouille pour subvenir à ses besoins. Du chasseur de vipères au fabricant de confettis, de boutons ou d’asticots, des cabocheurs aux dompteurs de fauves, des sculpteurs de saindoux aux compteurs d'œufs, c’est tout un monde imprévu qui se déploie au gré de ces pages étonnantes. Un livre destiné à tous les amateurs de curiosités.
Lisez tout, abonnez-vous !
Et si, d'ici à la fin de cette année, nous parvenions à doubler notre nombre d'abonné.e.s ? C'est le défi que l'on se lance. Et à vous également !
Libraires, nos conditions évoluent
Depuis le 1er janvier, nos conditions ont changé : désormais, les retours sont autorisés sur nos parutions papier parues depuis 2018 (et les prochaines). Nous contacter (libraire@publie.net) pour plus de précisions, n'hésitez pas également à nous demander des livres en service de presse !
Découvrez les coulisses de la maison d'édition
Agenda
Du 17 au 19 mai, nous serons présents à la Comédie du Livre de Montpellier (avec Michel Torres et Juliette Mézenc).
Les 24-25 mai, dans le cadre du festival POEMA, à Nancy, Julien Boutonnier participera aux Périphéries du Marché de la poésie en compagnie de Albane Gellé, Frédérique de Carvalho, Mary-Laure Zauss et Ludovic Degroote.
Du 5 au 9 juin Place Saint Sulpice à Paris : Marché de la poésie !
Le mardi 11 juin à la librairie Le square à Lourdes : rencontre croisée avec Antonin Crenn et Guillaume Vissac.
Le samedi 15 juin (horaire à préciser), rencontre avec Katia Bouchoueva et Laure Gauthier à la la Galerie l'Achronique(42 Rue du Mont-Cenis, 75018 Paris).
Revue de presse
Nouvelles de la ferraille et du vent
En 17 nouvelles Hédi Cherchour impose la beauté sauvage des destins brisés de ceux qu’il serait trop facile de considérer comme des laissés pour compte. (...) Une très grande réussite.
Quel est ce temps et quel est cet espace où se déploie l’image imaginative, celle qui vit en relation avec la conscience ? Où s’avance la pensée, lorsqu’en ses étapes, elle mêle « parti-pris des choses » et « parti-pris des vivants » ?
Un être en mouvement, semant au fil de ses errances, ses impressions et ses aspirations, diffusant une parole qui réhabilite ses sensations et ses émotions éprouvées pendant une marche qui scande la rythmique dépouillée de sa poésie, exploratrice de la ville pour itinérance, la nuit pour atmosphère, l'hiver pour saison...