[NOUVEAUTÉ] Ce qu’il faut, de Corinne Lovera Vitali 19 octobre 2016 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : Corinne Lovera Vitali, pierre ménard, temps réel
Attention, livre fort. Aujourd’hui prêt à être partagé avec ses lecteurs, nous le défendons également avec force.
Composé par Corinne Lovera Vitali sur près de vingt ans, Ce qu’il faut semble pourtant avoir été écrit comme il se lit, dans une forme d’urgence. Pas celle de la précipitation mais celle de la nécessité intérieure, sous le flux tendu du va-et-vient dans le temps devenu “suspendu” le long de dix-neuf chapitres d’une écriture fluide comme la vie.
jamais de la vie je n’allais raconter un rêve à qui n’est pas rêviste jamais je n’allais en écrire un non plus et ceux des autres idem je les saute comme une trapéziste en bâillant à leur place ça m’est arrivé récemment chez les policiers scandinaves j’ai sauté les rêves qu’ils font par des nuits glaciales en me demandant ce qui leur prend car ne savent-ils pas comme c’est ennuyeux de raconter ses rêves et ne savent-ils pas comme ça peut être embêtant aussi et que ne peuvent-ils écrire qu’ils préfèrent laisser dire aux rêves même écrits les rêves n’intéressent que les intéressés c’était inébranlable ce double muret fait de jamais jamais puis pour la première fois de ma vie j’ai écrit un rêve puis je vais en écrire un deuxième que j’ai aussi raconté à Tom puis puis
D’une telle intensité qu’il se lit en un souffle, ce texte tire de sa part d’ombre (la disparition brutale de sa famille, le chaos de la vie après) une luminosité bouleversante. Récit de la survie et du souvenir mais aussi de l’exaltation de l’existence, Ce qu’il faut est un livre rare. Dans la compagnie des lectures et destins croisés qui éclairent son écriture (entre autres Richard Brautigan, Russell Banks, Virginia Woolf, mais aussi Amy Winehouse et The Wire), Corinne Lovera Vitali raconte une histoire humaine, sensible, qui va au-delà de la sienne propre. Passant comme naturellement de chapitres au rythme tendu aux pages apaisées qui viennent le clore, ce livre révèle une narration ample qui opère une très fine réinvention du temps par le langage.
Corinne Lovera Vitali publie depuis 1999. Elle vit en face du Vercors, qui tient littéralement une place centrale dans ce texte.
En parallèle du livre se sont déclinées six lectures, improvisées directement depuis l’écran à partir de ce que clv appelle les nombreux “textes parents” de Ce qu’il faut. Ces morceaux sont inclus dans la version numérique du livre en bonus sonores et sont offerts ici à l’écoute comme une invitation. En effet, dans l’épaisseur de ce qui s’écrit durant des années avant de devenir un livre, ces lectures éclairent spécialement, et chacune selon un angle différent, le texte et sa genèse. Non pas extraits tirés du livre et lus à voix haute, ce sont des séquences racines et satellites, marquées par le rythme et les trébuchements propres à la lecture vivante, qui introduisent véritablement ce livre, l’accompagnent, lui font écho, le bonifient au sens propre.
Ce soir c’est dimanche soir en 1996 et il y a un film à la tv avec Mel Gibson. J’aime les films du dimanche soir à la tv en 1996 car on y est presque assuré d’y voir un film avec Mel Gibson, sinon Bruce Willis, mais c’est Mel que je souhaite voir en priorité, c’est pour voir Mel que je branche la tv le dimanche soir en 1996. J’aime le cinéma pourtant, qu’on voit au cinéma ou qu’on rattrape au milieu de la nuit au ciné-club. J’aime aussi les acteurs. Les grands acteurs je les aime beaucoup, ils comptent beaucoup pour moi ils font partie de ma vie plus que certaines personnes qui semblent faire partie de ma vie. Leurs photographies sont accrochées aux murs de ma maison aux côtés de celles d’autres hommes, l’homme que j’aime, mon fils, mon père, mon grand-père, avec celles de deux grands cinéastes, de deux grands écrivains, d’un grand chanteur.
Comme une photographie, ce livre nous saisit. Il nous dit ce qui a lieu et que peut-être nous ignorons, la disparition de sa famille, la mort de son enfant, une vie commune que l’auteur est “la seule à prolonger”. Mais il exhume surtout tout ce qui nous relie, et nous relie aussi à ceux qui ne sont plus. Il nous accompagne là où certains livres, rares, peuvent nous obliger à nous enfoncer. Il nous fait rencontrer des êtres, qu’ils soient vivants ou morts, nous donnant ainsi l’occasion unique d’éprouver l’épaisseur du temps et la volupté de l’instant, l’éternel dans l’éphémère.
Ce qu’il faut pourrait être une tombe, c’est un souffle.
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