[NOUVEAUTÉ] Verlaine gisant, d’Emmanuel Tugny 2 septembre 2015 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : Emmanuel Tugny, john greaves, nouveauté, poésie, publie.rock, verlaine gisant
Nous revenons tout en poésie et en musique avec la publication de Verlaine gisant, d'Emmanuel Tugny, qui accompagne la sortie de l'album de John Greaves dont Emmanuel a écrit les paroles…
Un spectacle musical basé sur le livre “Les Derniers Jours de Paul Verlaine” par Gustave Le Rouge.
Musique - John Greaves. Paroles - Emmanuel Tugny.
ALBUM À PARAITRE 8 SEPT 2015 (Signature-Harmonia Mundi)
John Greaves - "le plus accessible des avant-gardistes", célèbre bassiste, pianiste, et chanteur gallois (Henri Cow, National Health, Robert Wyatt, et aussi des collaborations variées : Vincent Courtois, l'ONJ, Post Image...) - porte en lui les plus belles utopies. Mélodiste raffiné et habile négociateur de prises de risques musicales, il redécouvre Paul Verlaine : une musique, des textes qui irrésistiblement chantaient en lui.
2 premiers opus naissent, reprenant des textes plus connus mais aussi plus confidentiels du poète, que Greaves exprime dans une expression contemporaine renouvelée et unique.
L’aventure ne pouvait pas s’arrêter là, et John Greaves eu envie de prendre le relais d’une manière plus scénique, plus théâtrale. En partant du passionnant matériau biographique Les derniers jours de Paul Verlaine, Emmanuel Tugny offre un ensemble de textes poétiques entrant en résonance avec l’univers musical de Greaves. Une douzaine d’airs : soliloques emplis d’exubérance, et de brume, d’un Verlaine qui s’adresse aux fantômes de sa vie passée, de ses rêves enfuis.
Le dernier opus de ce triptyque marque l’aboutissement d’un rêve poétique, sublimé par cette exceptionnelle réunion d’amis et artistes phares de la scène actuelle française.
Dans ce livre donc, vous retrouverez Les derniers jours de Paul Verlaine par Gustave le Rouge, ainsi que tous les poèmes, toutes les paroles, écrits par Emmanuel Tugny…
Emmanuel Tugny s’attache à faire revivre le dix-neuvième siècle de l’extravagant Paul Verlaine.
Une poésie éprouvée aux vapeurs d’absinthe, organique et sauvage, qu’il restitue à travers quarante tableaux et autant de teintes prenant Verlaine à bras le corps, et criant, d’un spleen empreint de rock, son amour à la langue. Redécouvrez Tugny et Verlaine, deux larrons de pensée, avant leur mise en musique par John Greaves et son opéra rock : Verlaine gisant.
Air de Le Rouge
De tous ceux qui me viennent voir
Mort debout
La jambe crevée sous les clous
Les longs soirs
Ce sont vos yeux dehors, Le Rouge
Les plus laids
Que je préfère quand ils bougent
À mes frais
Ils voient venir les océans
Le frai des baleines dedans,
L’éléphant
Ils voient la gigue des planètes
Le bal idiot des comètes
Les tempêtes
Ils voient se languir les péris
Les déserts, la machinerie
L’autre vie
De tous ceux qui me viennent voir
Clown en tout
Dessus le poète en sa gloire
Chiant dessous
Ce sont vos épaules, Gustave
Votre cœur
Que je préfère quand je meurs
Aux entraves
Ils vont où va l’homme qui songe
Derrière l’ondine qui plonge
À la longe
Ils vont dans les prairies immenses
Déterrer le caillou qui pense
La substance
Ils vont apprendre l’énergie
De la très négresse magie
Des mancies
Le Rouge, j’ai fui l’aventure
Je pensais que le temps ne dure
Qu’au règne lent de quatre murs
Je n’ai pas entendu Arthur
À présent sachez que je vois
Combien m’a manqué la voilure
Combien m’a trahi ma nature.
Gustave, quand j’aurai ma croix,
Emportez-moi,
Emportez-moi !
***
Autoportrait
Socrate ou Bismarck ou Bouddha
L’air louche d’un sexe qui pense
Le front parti dans les nuances
Le foie calamine et calva
Boiteux comme l’ange qui chut
Ferme debout, leste de cul
Démembré comme l’araignée
Qu’écrase un monde à gros souliers
Suborneur acide des oies
Loqueteux mendiant princier
Qu’un démiurge farceur eût chié
Dans le monde afin qu’il pleurât
Dans le monde afin qu’il pleurât
Entre marbres métaphysiques
Et bronzes d’opprobre agonique
Poète des chiennes de vie
Et de ces chiennes la tique
Entre nuageuse portée
Plissements mauve, périnées
Entre l’immensité divine
Et la veine nègre qui pine
Verlaine, tu es le purin,
La rose qui l’élève en Dieu
Le livre donné, le lutrin
Le paysage et le chemin
Le paysage et le chemin.
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