[NOUVEAUTÉ] Cahier de désécriture, de Philippe Berthaut 30 janvier 2015 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : mises à jour, nouveauté, philippe berthaut, poésie
Le cahier d’écolier n’a pas d’âge : celui sur lequel on boucle des lettres dont on dit qu’elles seraient attachées. Petit à petit, au fil de l’écriture, les lettres et les mots se retournent, se détournent, prêts à bifurquer.
C’est sous la forme d’un cahier que se présente cette série de poèmes singuliers que Philippe Berthaut a déployé comme un lierre. Et, puisque la langue a sa vie propre, que les mirages et les accidents de son et de sens apparaissent comment autant de phénomènes météorologiques qu’il faudrait consigner quelque part, c’est bien d’un cahier de désécriture dont on a besoin pour parvenir à « faire vibrer cette clôture que le langage crée / jusqu’à la faire éclater comme un cristal détruit par un son suraigu ». C’est cet élan que nous suivons, c’est un appel à l’air. Et, dans son sillage, remonter jusqu’aux livres précédents de l’auteur, revus et mis à jour sur Publie.net pour l’occasion : Seau rouge, seau bleu et Enregistré sous…
Pour extraire cette langue et l’exposer au ciel ouvert de la lecture, nous aurions comme plongé nos mains dans une gueule animale. Ce qui en est sorti n’est pas un vestige figé mais une fraction de parole en mouvement. Philippe Berthaut, chanteur et poète, sait comment jardiner le langage et élever au rang de langue propre une langue parallèle, qui nous marche dessus autant que nous marchons en elle, le long de nos errances, dans nos lapsus, dans nos élans de tendresse poétique. Un travail de sculpteur de branches et de glaise qui doit allier le geste à la matière vivante pour « Détruire chaque mot : le raviner / Lui enlever un pan d’argile / À finir avec lui lentement / Comme il en a fini avec moi. »
Accompagner Berthaut dans cet élan intérieur de vingt-et-un jours, dans ce cahier d’errance, ce journal qui serpente, c’est le suivre en nous-mêmes. Quelle est cette langue qui nous porte et que le plus souvent nous ne savons pas dire ? À l’économie, parfois jusqu’à la rareté du son, la finesse de son nerf, il s’agit de confronter, à la lecture, à l’écriture, cette matière lunaire qui se saisit des cordes vocales pour les faire vaciller. C’est à la fois en nos corps et au-dehors car, souvenons-nous, « c’est trop étroit une peau » disait Emaz. C’est sa finesse, aussi, qui nous permet de voir au-dedans, sous la gorge, la langue en construction, les hauts fourneaux du dire. Cette langue en glaise nous est précieuse chez Publie.net. Chantons-la.
Guillaume Vissac et découvrir la page du livre
Sont également mis à jour deux livres de Philippe Berthaut publiés en 2008 aux éditions publie.net