Embareck & Tex Mix : publie.rock à Austin 16 mai 2013 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : austin, Michel Embareck, olivier villepreux, préface, publie.rock, tex mix, texas
C'est un pays où les roses fleurissent au plastron des chemises, où les musiciens bénéficient d'une concession nocturne perpétuelle sur la sixième rue, un pays où des gars en guenilles conservent suffisement de morale pour refuser de vendre une affiche millésimée de Muddy Waters contre le code d'une Amex Gold. Dans le répertoire des absurdes fiertés locales dont raffolent les Ricains, Austin peut prétendre haut la main au titre de la ville rock la plus sous estimée du monde. C'est pourtant là que ça se passe. Et depuis longtemps. Depuis exactement presque environ quarante ans, depuis que Willie Nelson, Kris Kristofferson, Waylon Jennings et Jessi Colter — appuyés par Tompall Glaser à la tête du département de la propagande — ont enregistré "Wanted : The Outlaws". Un album peigné à la fourche, rasé à la meuleuse, un album qui dit aux gars de Nashville et au bizness musical en général — momies ambulantes de la Côte Ouest, chiens savants new-yorkais — de se foutre le déodorant dans le cul et de se torcher avec le manuel de marketing. Ce disque est l'authentique manifeste du punk américain.
Curieusement, le prophète du schisme fut un gars étranger à l'affaire, Stevie Ray Vaughan, bluesman attifé comme une diseuse de bonne aventure albanaise. Mauvais karma mais plan com' impeccable. Plus grand mort que vivant. Statufié au bord de la rivière, STR est devenu le symbole d'Austin au travers d'une Stratocaster pas épilée sous les cordes et trop longue du manche pour rentrer dans les cases du Top 10 FM.
Au coeur même du Texas, Austin — "The Music City" proclame le visitor guide — demeure une ville sécessioniste. La ville intello face à Dallas et Houston. Une ville à l'ancienne sans un downtown de buildings futuristes. Une ville de têtes brûlées où Dylan a pêché Charlie Sexton, le meilleur guitariste qui l'ait accompagné dans son non ending tour.
Le gars Villepreux — Call me Olivier — a vérifié sur place que les durites pissaient toujours l'huile, que ce que lui avait raconté un tatoueur accoudé au comptoir d'un truckstop ne relevait pas de l'habituelle bimbeloterie - Route 66, Graceland, Height Asbury, Grand Ole Opry - prisée des ethnorockologues en chambre. Et il a retrouvé sur place quelques spécimens d'une race peu menacée d'extinction. De Willie Nelson à Ray Wylie Hubbard en passant par une ribambelle de gardiens du temple du grand cauchemar américain. Des gars sous perfusion d'un héritage, des gars qui consolent les strip-teaseuses tatouées et vous usent le talon d'une botte sur leur voix de pierre à fusil.
Il y était. Vous y êtes.
Michel Embareck
Télécharger Tex Mix, d'Olivier Villepreux