Argus du cannibalisme I David Christoffel

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Dans la démarche de David Christoffel, l’écriture et la voix sont indissociables : l’écriture garde d’ailleurs les signes de la partition. Elle ne s’éloigne pas du contemporain, de ce qui nous entoure au plus près. C’est la partition, les ruptures de l’intonation, les ellipses de la syntaxe qui vont happer les différents registres de la parole, celle que nous employons tous les jours, celle que nous hissons devant nous au moment d’écrire. Les nappes alors se superposent, s’entrechoquent, la rhétorique se disloque et c’est cette relation de toujours des mots aux choses, de l’écriture au monde, qui surgit devant nous, avec cette attention digne des lettristes, souvent une vraie joie déclamatoire, et la convocation de tous les anciens rites de déclamation – voir le Récital pour Hyppolite Rougon ou les Poèmes pour mégaphone.

François Bon

Auteur

David Christoffel

Éditeur

publie.net

ISBN numérique

978-2-8145-0396-0

ISBN papier

978-2-37177-485-8

Nombre de pages

104

Date de parution 20110520

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David Christoffel croise poésie et musique en pra- tique et en théorie. Auteur d’une dizaine d’opéras par- lés, depuis Le Déchante-Merdier (1999) qui part d’Un ABC de la barbarie de Jacques-Henri Michot jusqu’à Les bâtons rompus (2010) avec la voix de 40 poètes et Joubertiade (Fidel Anthelme X, 2011). Au cours de ses opéras parlés et performances, la musique et la poésie sont assemblées d’une manière chaque fois spécifique. Pour thématiser ces différents modes entre musique et poésie, une performance récapitu- lative, Le Récital (2013) a permis de faire une sorte de rétrospective réflexive sur ces pratiques. Ces explo- rations l’amènent également à composer des pièces sonores où la musique permet de révéler comme les plis de la prosodie instaurent des formes de pensée. Deux travaux portent cette préoccupation : Emphases (Encyclopédie de la parole, 2009) présente des paroles qui s’exposent excessivement, portées par un souffle presque démesuré, et La Voix de Foucault (IRCAM, 2014).

Le fait de développer des formes hybrides entre les deux arts l’a conduit à publier autant des disques que des livres de poésie. Les livres sont eux-mêmes très variés dans leur confection. Il y a Littéralicismes (L’Attente, 2008), Argus du cannibalisme (Publie.net, 2011/2017) et Consolante électorale (Passage d’encres, 2015). Sa discographie compte notamment l’album Oecumétrucs (Artalect, 2007) avec, déjà, des tentatives de lier style de parole et voix particulières (la voix de la SNCF, la voix de synthèse...), mais aussi la série d’al- bums Radio Toutlemonde (Super Moyen les disques, 2010 et 2014).

Ses préoccupations sur le pouvoir de la musique et sur les formes de la pensée l’ont amené à de nombreuses créations radiophoniques pour France Musique, France Culture, Espace 2, ainsi que des radios asso- ciatives (avec le collectif Les Discrets). Ses œuvres radiophoniques prennent aussi des formes singu- lières d’une production à l’autre : La Cigale et la Cigale (France Musique, 2008) fait entendre des locuteurs qui s’exposent longtemps sans pouvoir s’exprimer si libre- ment, Heureux qui comme (France Culture, 2013) com- pose des jeux de rôles avec des détenus de la prison de Fresnes en cherchant des énonciations alternatives (robot, extraterrestre, psy...), Du reflux dans le workflow (Espace 2, 2016) explore le langage managérial comme une fausse langue étrangère en essayant à perte d’y retrouver cohérence.

Curieux de rendre la recherche sensible, il poursuit ces travaux avec des institutions d’enseignement su- périeur comme le CNSMDP, le CNAM et différentes universités (Tours, Nantes, Paris-3, Paris-7, Nice) et collabore depuis 2015 à la revue Multitudes.