Carnet de bord 2021, semaine 21 30 mai 2021 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , ,

lundi

Franchement, ça ne manque jamais. À chaque fois que je me retrouve dans un manuscrit un peu long à commenter, et surtout à suivre via le bien nommé suivi des modifications du traitement de texte, je répète X fois les mêmes gestes, en l'occurrence clic droit + accept change jusqu'à me dire si seulement il y avait un raccourci pour faire ça d'un seul geste au lieu de deux. Puis j'ai l'idée du siècle : je vais créer ce raccourci pour gagner du temps, le tout en m'arrangeant pour que ce soit intuitif et que je puisse m'en souvenir la fois prochaine, genre cmd + a. Et fatalement je me souviens m'être dit exactement la même chose la dernière fois (et la fois d'avant, et la fois encore avant) et que le raccourci existe déjà depuis belle lurette. Si ça se trouve, je l'ai même déjà raconté dans ce carnet de bord. Smiley Le cri. Mais ce n'est pas la seule chose que je fais plusieurs fois. Par exemple, ce commentaire, c'est déjà la deuxième fois que je l'inscris dans un manuscrit en cours de retravail (pas du même auteur cela dit) :

mardi

Les ventes Hachette du matin, c'est-à-dire de la veille, sont nulles. Au sens propre, preuve que sans doute le lundi de Pentecôte existe encore. Même Amazon est resté muet. Amazon qui a enclenché depuis quelques jours une nouvelle façon d'intégrer nos livres à leur catalogue. On se souvient (on en a suffisamment parlé dans ce Carnet) que de l'automne 2020 jusqu'au début de cette année, Amazon s'est lancé dans une vague de retours aussi brusque que massive, vague d'autant plus pernicieuse (oui, pernicieuse) qu'aucun mécanisme ne nous permet dans les faits de limiter en amont les commandes. Amazon a donc pris l'habitude de commander beaucoup, et ne se fait pas prier pour retourner. Cela a fait l'objet de multiples discussions auprès d'Hachette et de notre imprimeur LSF, qui nous ont proposé d'opter pour une solution à laquelle nous n'aurions pas spontanément pensée, mais qui de fait, pour les parutions futures (et non les titres déjà en stock, ne rêvons), semble pouvoir résoudre le problème. Depuis quelques jours, donc, cette solution est en place, qui vise à faire imprimer, dans le cas d'une commande Amazon, nos livres par les machines d'impression à la demande d'Amazon, devenant de fait sous-traitant d'LSF. Nous avons fait des tests, et reçu des épreuves : à part quelques exceptions, les formats sont les mêmes, le pelliculage soft touch très proche, et la qualité d'impression au rendez-vous. Des variations existent évidemment, notamment dans la colorimétrie des couvertures, qui sortent plus sombres côté LSF. Voilà. Dans les faits, cela ne change pas grand-chose à nos pratiques : nos livres sont toujours imprimés par LSF en France pour toute notre activité en librairie via la distribution Hachette, de même que nos exemplaires presse et notre stock site. Seules les commandes Amazon sont imprimables par Amazon, dans divers pays selon la commande (jusqu'à présent, nous avons vu des exemplaires imprimés en Allemagne et en Italie). Ce n'est pas nécessairement une invitation à passer par ce biais, d'autant que nos délais d'expédition pour les commandes sur notre site n'ont rien à envier à la Bezos Corporation (sachez-le).

mercredi

Drôles de choses dans les relevés de vente quotidien d'Hachette : des titres y paraissent qui ne sortent pas dans les stats après vérifications. Puis, un jour plus tard, des retours qui eux n'apparaissent pas non plus. De quoi se demander s'il ne s'agit pas de fausses ventes, ou d'une erreur informatique X ou Y, enregistrées un jour et annulées par soustraction le lendemain. Une nouvelle forme de retour, écrit Philippe, l'annulation de ventes irréelles...

jeudi

J'ai rendez-vous avec Lou, qui termine sa résidence à la maison de la poésie de Rennes ces jours-ci et, bien sûr, je ne suis plus très sûr du lieu de rendez-vous donc je l'appelle. J'ai changé de téléphone cette semaine et curieusement j'ai plusieurs Lou dans mes contacts. Des numéros français, étrangers, What's App. J'appelle un peu toutes les Lou que j'ai en stock mais aucune n'est la vraie Lou (de quoi se demander si Lou est réellement réelle, et aussi pourquoi j'ai rentré certains numéros de téléphone dans mes contacts sans nom de famille). En réalité je suppute ne connaître qu'une seule Lou mais avoir gardé à chaque fois ses anciens numéros, depuis réattribués à d'autres (d'autres qui ne s'appellent pas nécessairement Lou). De sorte que ce ne sont pas réellement des personnes que j'appelle mais des empreintes temporelles, des sortes de rémanences que je ne peux pas atteindre : en somme j'essaye d'appeler la Lou de 2019, ou la Lou de 2015 et bien sûr ce n'est pas possible (et puis savoir ce que je lui dirais si cela fonctionnait : en prévision de 2020, fais des stocks de masques chirurgicaux et tousse bien dans ton coude). Une ou deux heures après, l'une de ces Lou-non-Lou me rappelle, ayant vu j'imagine mon appel en absence et je dois donc lui avouer que bien qu'ayant essayé de la joindre, je ne souhaite pas lui parler. Elle raccroche en me disant bon courage l'air de se dire que j'ai bien besoin d'un petit coup de pouce dans la vie... Tout s'est bien terminé néanmoins : j'étais bien au bon endroit pour se trouver et c'est bien la Lou de 2021 qui s'est présentée. Nous serons rejoints bientôt par Quentin Leclerc, qui dirige la Maison de la Poésie où Lou est en résidence (une résidence 2020 mais qui a lieu en 2021, preuve que temporellement tout de même il n'y a pas que moi qui suis instable : le monde l'est), et qui soit dit en passant sort ces jours-ci une traduction de Mike Kleine aux Éditions de l'Ogre. C'est un moment très sympa et convivial et à un moment un oiseau vient limite nous manger dans la main (c'était l'instant bucolique du carnet). Quand on me demande sur quoi je travaille en ce moment, je réponds ce qui est : ma semaine est consacrée à un roman de 700 000 signes qui se paye le luxe d'annoncer en note de bas de page, page 223 du manuscrit :  Ce passage pourrait être développé dans une version longue de l’ouvrage. 

vendredi

Suite et fin de cette odyssée en 700 000 signes aujourd'hui. Pour me situer dans le texte, et me repérer dans notre progression dans les allers-retours de correction ou de réécriture, je tiens un genre de chemin de fer en parallèle avec les étapes du récit et la centaine de chapitres résumés en une phrase, parfois affublé d'un commentaire plus ou moins intelligible, du genre un peu technique mais super ou bavard mais bavard bien. Je le mets de côté pour la suite (suite, oh, il y aura).