[NOUVEAUTÉ] Quelque chose que je rends à la terre, de Sébastien Ménard 10 février 2021 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : ,

La terre appelle les lettres, et vice versa. Les écritures terrestres sont nombreuses, tous genres confondus. Qu'il s'agisse du Voyage au centre de, du Retour à, des Vers de, voire tout simplement à La terre tout court. Notons que La terre, tout court ferait aussi un bon titre. Mais aujourd'hui, c'est le dit de Sébastien Ménard qui nous conduit à, ou nous ramène vers elle. En plusieurs livres à cheval chez trois éditeurs et en ce qui nous concerne deux collections, et le long de son site web incontournable (d'autant que le journal permanent a repris depuis quelques semaines) et d'X parutions en revue, l'écriture de Sébastien Ménard est devenue une référence de notre champ poétique. Qu'il soit en voyage (Soleil gasoil, Notre Est lointain), artisanal (Temps zéro, paru à La Marge), à plusieurs (Oùrs, Possibles éditions) ou plus ancré dans une forme assumée de recueil (Notre désir de tendresse est infini, déjà dans L'esquif alors, collection portée par Jean-Yves Fick et Virginie Gautier), il entretient un rapport particulier avec les territoires qu'il arpente, mais aussi le sol qui les porte. En cela, Quelque chose que je rends à la terre est un livre doublement cultivé : tourné vers la germination des corps végétaux à venir, dans le sillon d'un Lucien Suel faisant son jardin jusque dans les Oloés (souvenez-vous), et irrigué de quantité de lectures passées qui prolongent sa poésie autant qu'elles la nourrissent. Dans ce livre, bien que seul, Sébastien Ménard n'écrit pas sans l'autre et il s'applique à faire de son propre chant une base chorale pour que le faisceau des voix qui l'inspirent puisse le porter dans sa multitude (de l'intertextualité à la citation en passant par les recopillages ; les fameux emprunts chers à Des Forêts). Dans l'écriture quotidienne, intime, qui s'apparente parfois au journal comme dans des formes plus chantantes, voire dans des dimensions plus narratives, il expérimente une forme de voyage sur lui-même, tout en parvenant à garder, justement, les pieds sur elle, la terre.

petite annonce

JEUNE FAMILLE SAGE ET CALME CHERCHE TERRE OÙ TENTER DE — CAR RIEN DÉCIDÉMENT NE NOUS OBLIGE À VIVRE « COMME ÇA » — TERRE OÙ CULTIVER LÉGUMES & FRUITS — OÙ PLANTER CABANE, ROULOTTE, YOURTE, TIPI, CHALET, TROGLODYTE, ABRI, REFUGE — POUR LES HIVERS ET LES ÉTÉS LES SAISONS LA SUITE DES JOURS ET LES AUTRES ENCORE — SOMMES PRÊTS À ÉCHANGER ŒUVRES POÉTIQUES, OU LONGUES DISCUSSIONS SILENCIEUSES — PARTAGEONS VOLONTIERS KÉFIRS, BOISSONS FERMENTÉES, LACTO-FERMENTATIONS OU AUTRES EXPÉRIENCES SIMILAIRES — SOMMES DANS L’ÉCOUTE SAUVAGE DE LA TENDRESSE COMMUNE — DE NOTRE PART COMMUNE SOMMES LÀ DANS LE VIDE ET LE PLEIN — LE DEDANS LE DEHORS — L’ENTIER LE GAZEUX — TRAVAILLONS ARDEMMENT HARDIS COURAGE CRÉONS VERS LE MOINS IDIOT MAIS PROBABLE DAVANTAGE BÊTE — ET ÉPAULONS ÉPAULANT TOUT MÉLANGEONS — ACCEPTONS RÉPONSE, SIGNAUX DE FUMÉE, MESSAGERS, BOUTEILLES DANS FLOTTE ET POÈMES DANS POUSSIÈRE

 

« Ces pages sont aux errants — aux cailloux — aux poussières et à l’humus. Elles sont à la pourriture ligneuse, aux lichens, lichens — aux rongeurs. Ces pages sont aux noms des bois — à ceux des forêts tout autant qu’aux innommés. Ces pages sont aux bruyères — aux fougères — aux tourbes et aux lombrics. Elles sont aux terriers. Elles sont à l’irrégularité. À l’imprévu. Au perpétuel. À l’enfoui — au très très enfoui. »

Et je m’obstine, m’acharne, ahane — continue. Voici un rassemblement. C’est trempé, truffé, couturé, de recopillages — travail à façon de reconnaître quelques dettes et les « grands alliés substantiels ». J’ai cherché les traces, les poussières, les surgissements et les refuges. Mais la poésie hein. Elle sait, elle. C’était du gros de matière laissée à lentement macérer, parfois brassée — à manière de fabrication de terre — quoi fut ensuite distillé à l’issue de plus d’une année d’attente — et donc, cher lecteur, courage, vivons, répétons, portons nos amis dans la nuit, dans la brume.

Sébastien Ménard

 

154 pages
ISBN papier 978-2-37177-610-4
ISBN numérique 978-2-37177-251-9
15€ / 5,99€

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