LIRENUM #1 : Une épidémie, Notre désir de tendresse & J'ai l'amour 19 mars 2020 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , , , , , , , , ,

Durant ces jours de confinement, vous allez peut-être avoir le temps et l'envie de lire. Nous vous proposons ici une sélection de livres numériques sans DRM bien entendu et à petit prix. N'oubliez pas également notre sélection de livres gratuits et nos abonnements à prix réduit.

1. Une épidémie | Fabien Clouette

Un magnifique texte qui résonne évidemment avec notre actualité coronavirusienne.

Plus besoin d’une barque depuis que la ville est dépeuplée. Il se fait tard, si la nuit m’emporte, le fard de la nuit tombera sur ma porte.

Dans une citadelle étrange et minérale rebattue par les vents, une mise en quarantaine touche à son terme. Tentant de retrouver une vie normale, le narrateur se tourne vers l'écriture. Mais dans quel état l'épidémie a-t-elle laissé la ville ? Et comment s'assurer qu'elle est bien terminée ? Dans un roman court et limpide qui s'inscrit dans un autre temps, Fabien Clouette approche à la fois les figures de Julien Gracq et de Maurice Pons et fait de sa fièvre une quête.

Un texte dont on voit surgir, au gré des voyages et de la configuration des phrases, des monstres et des merveilles, tous les deux capables d’éblouir le lecteur et de le plonger, le temps d’une lecture réfléchie, dans les abîmes de son imagination. Un texte qui, après avoir frôlé les murs de la citadelle, gorgés de soleil et polis par le vent, s’élève dans le ciel pour y briller avec le soleil avant de plonger dans le bleu océan qu’implorent « les champs arides [qui] ne connaissent pas l’humidité ». — Thomas Galley

« Voilà cinq semaines que je suis enfermé. La quarantaine généralisée prend fin à midi. » Ainsi commence le livre, et il n’est plus possible ensuite de le lâcher. Et une fois la dernière page lue, surtout ne vous risquez pas à effacer le fichier de votre liseuse ou tablette : le texte va commencer de vous hanter, et il vous faudra tôt ou tard y revenir. — Philippe Castelneau

Au début d'Une Épidémie, le narrateur sort de la quarantaine mise en place pour enrayer l'épidémie qui a décimé la cité du vent. Il retrouve la citadelle et ses rues désertes, balayées par des rafales d'air chaud, vit au rythme du couvre-feu et de ses déambulations solitaires, tente de recroiser son amie R. […] J'ai rarement lu de la littérature aussi visuelle, qui laisse des images très nettes dans la tête. Quelle mystérieuse écriture que celle de Fabien Clouette, classique dans son style, qui a en revanche un véritable pouvoir d'évocation ! — Les Petites Notes

Saint-John Perse n’est pas loin, sans doute, avec ces grands vents qui parcourent ruelles comme avenues, et courbent arbres comme habitants – mais aussi, plus subtilement, avec l’ensemble des forces que l’on devine ici souterrainement à l’œuvre, sous l’ordinaire de ces jours paisibles tout juste rendus à la vie. — Charybde

Et également une lecture du texte par Guillaume Vissac (et avec le visuel de la première couverture, celle du livre lorsqu'il n'était que numérique, on replonge dans les archives…)

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2. Notre désir de tendresse est infini | Sébastien Ménard

Sur nos écrans portables sur les clefs de nos cabanes sur — les feux qu’on allume certaines nuits pour s’assurer qu’on existe encore — sur les routes qu’on épuise pour vérifier qu’elles ont une fin — sur les couvertures de nos corps — sur les cabanes qu’on dessine dans nos têtes et sur nos carnets. Dans l’épuisement des gommes de nos pneumatiques — dans la vibration de la membrane du haut-parleur de nos nuits — dans l’ondulation d’un corps une nuit qu’on s’était dit je serai danseur — dans le cuivre d’une trompette un jour qu’on s’était dit je serai poète — dans le tremblement du manche d’une pioche un jour qu’on s’était dit je piocherai — dans la voix d’un homme loin un jour qu’on s’était dit j’y vais : la tendresse.

Jazz des flammes humides et du Caucase, contes incarnés du Danube, airs à l’oud pour faire danser les peaux d’ours et de loups, ces poèmes sont une invitation à un chamanisme intérieur. Un blues tendre et heureux que la nuit appelle. Comme un album étrange. Un 14 track EP.

C'est bon, et c'est beau, et c'est ce qu'il me fallait.
Récit de voyage donc, d'errances, de rencontres avec l'autre, avec soi. Hypnotique, captivant, lancinant. Difficile de résister à l'appel, à cette liberté qui résonne entre les pages.
Moi qui ne suis pas friande de poésie contemporaine, j'ai été séduite dès les premières phrases. Sans doute à cause du parallèle fait avec la musique. Elle a des beaux et grands airs de FAUVE cette écriture.

Un texte pensé comme un album, 14 chapitres comme autant de morceaux, de fragments d'une aventure physique, géographique, et humaine.
Car c'est bien ce qu'il y a au centre, l'Humain, l'amitié, la tendresse oui, le partage. C'est une façon étonnamment belle et douce de raconter un voyage.
Grand coup de coeur donc, qui a eu le mérite de réchauffer le mien et de l'emplir de cette aspiration que je laisse en sommeil.
Prendre la route, la tracer, au gré des envies, au gré des amis. Que ce serait beau.
Je vais le garder près de moi ce livre. Le relire, le murmurer, le dire. Parce que ce serait dommage qu'il n'appartienne qu'à la nuit.
— Lau se livre

Lecture en musique par Antoine Leroy

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3. J'ai l'amour | Mathilde Roux

Mathilde Roux écrit et fabrique des images sur son site, c’est Quelque(s) choses(s) – oui, réellement. Ceux qui goûtent à son écriture attrapent au vol un peu de légèreté, de la virevolte, du tangible, et des bruits de pas obstinés avec des pointes de sérieux qui dépassent. Son J’ai l’amour est un peu mouche du coche. Il nous suit, comme dans ces dessins animés où un personnage porte constamment au-dessus de sa tête un nuage ou une ronde d’étoiles. Il vaque à ses occupations, mais J’ai l’amour rapplique et lui tourne au-dessus du crâne, léger-léger, une ritournelle moqueuse, parfois triste ou un peu nostalgique, multicolore. Ce pourrait être un exercice de style, brillant, divertissant, mais non (ou pas seulement) avec nos mots, mots de partout, songes et réclamations, chansons reçues à l’improviste, assis dans l’autobus, écoutant la radio, feuilletant un magazine. C’est beau, comme un appel incontournable, comme une urgence. C’est délicat, ça ne se martèle pas, mais ça ne s’oublie pas.

J'ai l'amour lu par Aunryz Tamel

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