Carnet de bord 2020, semaine 10 8 mars 2020 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , , , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV.

lundi

28/02, 17h57 : On vous attend dans trois semaines à Livre Paris ! (spam). 01/03, 22h43 : Coronavirus, Livre Paris 2020 annulé (Livres hebdo). Les choses vont vite dans le monde littéraire. Ou bien alors, c'est une malédiction. Tous les ans nous nous rendons dans ce salon, avec Philippe et/ou Roxane, non pas pour exposer mais pour 1) échanger avec nos homologues d'Hachette et repartir avec des stylos ou tote-bags LSF et 2) faire le panorama de l'édition à chaque début d'année. En 2019, comme souvent en réalité, j'en étais sorti en me disant  plus jamais je ne remets les pieds ici. Sauf que cette fois, la malédiction a pris corps et a eu des conséquences imprévues. Pas de Livre Paris, donc. Les lettres françaises, on l'imagine, s'en remettront. Faut-il se sentir responsable ? Responsable mais pas coupable ? Après tout, ça me regarde. On se trouve les excuses ou les prétextes qu'on peut. Le coronavirus en est déjà un semble-t-il : c'est qu'on craint la désertification des librairies comme lieu favorisé de propagation des miasmes. Si les livres ne se vendent pas ce semestre, on saura donc à qui (ou à quoi) l'imputer.

mardi

Les exemplaires presse de La ville soûle sont pratiquement tous partis, sauf réponses que j'attends encore. Mais il n'y a pas que les destinataires du service de presse qui relayent nos livres : nos abonnés sont également là, et ça fait chaud au cœur. Par exemple ici Franck Queyraud, toujours sur La ville soûle, via un célèbre réseau social :

Déjà disponible en numérique pour les abonnés à la maison d'édition publie.net, Christophe Grossi signe un splendide livre de textes courts : La ville soûle.
Avec des phrases perles telles que :
"Des ils et des elles, ensemble, sans ailes dans le dos, sans îles devant." La ville soûle, ce sont des chroniques sous la ville : toniques, caustiques et humoristiques... l'auteur flâneur se balade dans le métro au gré des lignes (jeu de mots possible)...

Merci à lui, et à vous. Désormais, rendez-vous le 11 mars (ou avant, si vous êtes abonné) pour rejoindre et vivre la ville soûlement, souterrainement, surfacement et au-delà.

mercredi

Revoilà la lettre d'info, de mars cette fois. Mars, ça ne repart pas, c'est même tout le contraire. Bon, on peut le dire avec humour. Faisons ça. Moquons-nous un peu, mais doucement. Doucement (!) est le titre du prochain recueil de Katia Bouchoueva. Il paraîtra en juin, à temps pour le Marché de la poésie si la pandémie ne nous a pas tous balayés d'ici-là. Aujourd'hui, nous déposons les métadonnées et la dernière version du texte auprès de l'imprimeur, le tout après plusieurs semaines de travail minutieux sur le texte (merci Jean-Yves Fick et Virginie Gautier) et sur la couverture (merci Roxane Lecomte). L'extrait proposé en quatrième de couverture, a été lui méticuleusement choisi, et nous pouvons déjà le partager ensemble :

Les anges asexués et ceux qui ont un sexe
et ceux qui en ont deux – traversent, traversent

les plaines des ventres, les grottes et les tétons.

Tout y est bon, disent-ils, tout y est bon :

immeubles des années 60, colonnes Morris,

ronds-points, sorties d’autoroutes,
lacs et montagnes.

Et tes yeux comme des petites olives

– noires mais adoucies –

tamachine ad–mi–ni–stra–tive

douce aussi.

Douceur aussi dans Notre vie n'est que mouvement et dans sa couverture, qui reprend la charte de la collection Machine ronde en s'y écartant (doucement là encore) malgré tout. Ça se rapproche.

jeudi

Suite (et fin ?) des vérifications sur les tableaux de droits d'auteur 2019, qui se seront en réalité dispatchées sur une bonne partie de la semaine (d'où un carnet cette fois-ci un peu maigre). Comparaison de colonnes entre elles. Bouillies de chiffres et de titres. Nombres de ventes et retours. Sommes de ça. Nouvelles colonnes aussitôt créées aussitôt supprimées. Colonnes masquées, lignes en gras pour les voir mieux. Titres en arrêt de commercialisation mis de côté pour les stocker dans un tableau tout autre qui, lui, ne sera plus envoyé à quiconque, puisque les livres selon la formule d'usage ne sont plus exploités. Le tout avant de migrer vers un brouillon de catalogue pour la rentrée, car les catalogues, finalement, dans l'esprit, c'est comme les droits d'auteur : on a le sentiment (mais c'est faux) que c'est tous les mois que ça revient. Ce qui revient effectivement tous les mois, c'est la lettre d'info. Envoi de l'édito brouillon décanté et repris de la veille à l'équipe, après que Roxane m'a préparé le template.

vendredi

Les épreuves des nouveaux Oloés sont arrivées, et le moins qu'on puisse dire c'est que les couleurs nous réchauffent. A-t-on besoin d'être réchauffés ? J'ai envie de dire, ça ne fait pas de mal. Parce qu'ordinairement, les tableaux de droits d'auteur sont froids. Je voulais finir aujourd'hui (je ne finirai pas aujourd'hui). Le catalogue de la rentrée prochaine, lui, ne sera pas froid du tout, précisément le contraire, mais pour arriver à un résultat qui aie la bonne chaleur, il faut trouver le bon ton. Là, on aimerait pouvoir proposer aux libraires des extraits assez longs, pour qu'ils (et elles) aient la possibilité de s'imprégner de nos textes. C'est assez difficile de trouver dans Soeur(s) des extraits qui puissent, ensemble, proposer une alchimie directement saissable : c'est dû à sa forme, celle du roman polyphonique. Il n'y aurait pas beaucoup de sens à citer un seul extrait, même long, il faut saisir des fragments qui, ensemble, et remontés, racontent quelque chose qui n'est pas nécessairement le livre lui-même mais une piste possible pour l'appréhender. Cela implique forcément de laisser des aspects du livre de côté, et c'est donc un peu frustrant. Une première version est envoyée à l'équipe, sur laquelle, je pense, je reviendrai dans les jours qui viennent. Pour Les présents, c'est beaucoup plus simple : l'un des chapitres entier est parfait pour être saisi directement, inviter à la découverte du livre et même pour tenir tout seul comme texte singulier. Je retrouve justement Antonin chez Prosper (le café, toujours pas la personne) histoire, après Les présents, de partager un peu de présent avec lui. Et c'est le cas.