Tex Mix, d'Olivier Villepreux : welcome to Austin, Texas 17 décembre 2019 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : , , , , ,

« Je me souviens de sa réaction muette, de l’interrogation suspicieuse qui a traversé ses yeux. Pour un cadeau empoisonné, il avait sa dose de plomb. Ma compagne m’avait demandé :
— Qu’est-ce qui te ferait plaisir pour tes quarante ans ?
— Je voudrais partir seul un mois. Au Texas. »

Ainsi démarre Tex Mix d’Olivier Villepreux, et que madame soit ici remerciée d’avoir accédé à la demande de son compagnon, sans quoi nous n’aurions pas ces dix textes finement ciselés qui associent un lieu et une figure locale de la scène country rock. Pas de vedettes ici (sauf la figure de Willie Nelson qui plane, absent, sur le cinquième chapitre), mais des personnages, des gueules, à qui la vie n’a pas fait de cadeau, qui, à l’instar de Jack Elliott préfère la compagnie des chats à celle des femmes, et pour qui, comme Billy Joe, les années s’empilent, les coups durs aussi, et le personnage s’est caparaçonné, tant les emmerdes lui collent au train. Mais le décor compte autant que ces figures, la banlieue d’Austin, Texas, devient elle-même personnage, « carte postale des paysages exsangues (…) où rouillent de vieux puits de pétrole, on s’imagine très bien rouler sur cette route rectiligne en laissant le régulateur de vitesse rythmer le voyage. »

Il est aussi question de punk dans ce texte, même si ça peut surprendre. Ainsi, Chris Rhoades qui confie : « Je viens du punk rock, c’est ce que je jouais quand j’étais gamin. Et Hank Williams et Johnny Cash étaient les héros de cette culture punk ». Parce que tout cela, rappelons le, ce qu’on appelle le rock, au-delà des accords et des mélodies, au-delà des étiquettes que l’on appose dessus, c’est toujours la même histoire, une triste histoire faite de souffrances et de pulsions, de désespérance et d’ennui, et c’est ce qui fait l’unité et justifie une collection comme publie.rock.

Au final, les dix chapitres qui composent le livre auraient tout aussi bien pu être des chansons et s’appeler « Ode to Willie Nelson » ou « the ballad of Ray Wylie Hubbard », et si Olivier Villepreux avait fait un disque plutôt qu’un livre, il nous aurait donné à entendre, en dix morceaux, un album de country rock de très belle facture.

Philippe Castelneau

9782814507319

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