[NOUVEAUTÉ] Al Teatro : Cavalier seul, de Stéphanie Benson 18 avril 2018 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , ,

Tétralogie intense déjà présente en numérique depuis quelques années, Al Teatro débarque en papier dès aujourd'hui avec ce premier tome, Cavalier seul. Digne d'une danse macabre hyper prenante, Cavalier seul oscille entre les extrêmes. D'un côté, l’Église du Millénium de l’Aube Radieuse qui joue à attiser dans l'Unterwelt quelques puissances occultes. De l'autre, l'équipe du colonel Katz et son unité de recherche de psychologie criminelle d'Europol qui tenteront de circonscrire les meurtres de masse qui se préparent un peu partout en Europe. Thriller haletant qui puise autant dans les codes du roman noir que du fantastique, Cavalier seul ne vous laissera pas une seconde de répit.

 

Extrait

Un temps de silence. Iris se représenta Katz accroupi dans les roseaux de l’autre côté du jardin, son visage avec cette expression malheureuse qui trahissait chez lui le doute, la lourdeur de la responsabilité. Son job : empêcher des tueurs de faire ce qu’ils aimaient le plus au monde. Iris se surprit à espérer : pourvu qu’il ait raison. Pourvu que la fille soit encore en vie.

Annelie Reuter. Dix-sept ans. Disparue lundi matin en plein centre-ville alors qu’elle se rendait au lycée. L’alarme n’avait été donnée que le soir, douze heures plus tard, quand la mère était rentrée de son emploi de caissière pour trouver l’appartement vide.

Douze heures perdues.

Mardi matin, diffusion sur toutes les chaînes de la télévision allemande du portrait de la jeune fille.

Mardi midi, le coup de chance qu’ils attendaient depuis des mois. Une camarade de lycée pense avoir vu la jeune fille monter dans une camionnette blanche, une Volkswagen Transporter. Tandis que des agents ravis se tapent la vérification du fichier des cartes grises, Katz lance le programme de recherche du CISCP (Centre international de sciences criminelles et pénales) avec la nouvelle donnée.

Mardi soir, le jackpot tombe : la disparition à München-Gladbach deux ans auparavant d’une coiffeuse, Wiebke Braunstein. Le cadavre retrouvé trois jours plus tard dans une poubelle. L’une des personnes interrogées à l’époque, voisin de la disparue, est propriétaire d’une Volkswagen Transporter blanche. Il est livreur et s’appelle Tomas Geist.

Les vérifications avaient pris une partie de la nuit. Geist avait quitté München-Gladbach deux mois après la disparition de Wiebke Braunstein pour s’installer à Stuttgart. Un mois plus tard, la police retrouvait le cadavre d’Inge Hause dans un bois près de Francfort. Inge vivait à Stuttgart.

Une fièvre glacée avait commencé à gagner l’équipe. Geist déménageait beaucoup, changeait souvent d’employeur, les disparitions se poursuivaient autour de lui, la série de cadavres avait trouvé son dénominateur commun. Mais les cadavres reliés à Geist avaient tous trouvé la mort moins de vingt-quatre heures après leur disparition.

On rappela München-Gladbach, on réveilla l’officier qui avait entendu Geist à l’époque où Wiebke Braunstein disparaissait. L’homme se souvenait d’un type très courtois, un peu mou. Un collectionneur d’armes à feu.

La voix de Katz était devenue très douce.

— D’armes à feu ?

— Oui, colonel. Des récentes, des anciennes, un vrai petit arsenal.

— Et Herr Geist avait un permis pour tous ces bijoux ?

— Je le pense, colonel. Cela n’avait aucun rapport, à l’époque. La fille Braunstein avait été tuée à l’arme blanche.

Aucun rapport. Katz voyait un rapport. Il l’aurait vu à l’époque. Mais Katz ne pouvait pas être partout.

— Qu’est-ce que tu es venue foutre en Allemagne ? lui avait-il demandé un jour.

— Changer d’air.

— Pour quoi faire ?

— Pour respirer autre chose.

Il n’avait pas insisté davantage.

— Ça bouge dans la chambre, chuchota Stefan dans le micro. Deux silhouettes. On dirait qu’elles dansent.

Iris entendait Katz respirer dans le micro. Une longue respiration maîtrisée. Puis une autre.

— Vas-y, Iris, dit-il très bas. La fenêtre des toilettes. Tu nous ouvres la porte, ensuite tu restes à l’entrée et tu nous couvres. Exécution.

Iris s’élança, pliée en deux. La chambre se trouvait de l’autre côté du pavillon, Geist ne pouvait pas la voir. Elle grimpa sur le rebord de la petite fenêtre, poussa la vitre, y passa les bras, la tête, le buste, ramena les bras vers le mur intérieur et poussa.

Elle portait la combinaison noire des forces d’intervention spéciale. Tissu ultrarésistant, doublage kevlar, pare-balles. Paradoxalement, elle se sentait vulnérable, presque nue.

L’odeur tout d’abord. Acre, suffocante, lui prit la gorge comme des doigts d’acier ; mélange d’urine, de vomi, d’excréments, toutes les déjections possibles d’un corps débordant de son enveloppe.

Iris se bloqua les narines, ouvrit légèrement la bouche et se mit à respirer comme un chien. Elle poussa de nouveau sur les rebords de la fenêtre, se tordit le buste pour le dégager de l’étroite ouverture puis tendit les mains vers l’avant.

Oublié de mettre des gants.

Katz allait croire qu’elle était coincée. Tant pis. Hors de question qu’elle touche le bol des toilettes à mains nues. Elle extirpa de la combinaison une paire de gants en latex, les enfila puis agrippa le bord de la vasque.

Le poids du corps en équilibre sur les bras fléchis, descendre les pieds le long du mur comme une araignée et tout aussi silencieuse. Se redresser. Regarder : l’horreur. Chuchoter :

— J’y suis. Cabinet de toilette, porte fermée, morceaux de corps sur le sol.

L’écouteur grésilla.

— Les silhouettes sont en haut. Elles ne bougent plus. Tu peux y aller.

Sa botte à la semelle antidérapante glissa au moment où elle se saisit de la poignée. Matière impossible à identifier, on verra ça plus tard. Pistolet à la main droite, poignée de porte dans la gauche, tourner tout doucement puis ouvrir. D’un mouvement sec.

Devant elle : un mur de couloir. À gauche : la salle de bains, porte entrouverte. À droite : lumière, cuisine, entrée, escalier.

Iris fit un pas vers la droite, l’arme tendue, le cœur en sur-régime. Vers la lumière, loin de l’odeur.

Elle ne l’entendit pas venir.

Un bras en clef autour de sa gorge, la morsure glacée d’un canon de revolver dans la mâchoire.

— On ne bouge plus, petit ange.

Voix douce. Presque tendre.

— Tu pensais me surprendre, hein ? Mais je vous attendais, ma chérie. Pas folle, la guêpe. Vous m’avez sous-es-ti-mé. Il faudra le mettre dans le rapport, jolie fille.

Un coup sec sur l’avant-bras, le pistolet d’Iris qui vole.

— Souviens-toi d’une chose, jolie fille. Vous avez perdu, j’ai gagné. Nous avons gagné. Et ça ne fait que commencer.

Le revolver qui s’éloigne de sa tempe.

Iris retient son souffle.

Déflagration.

 

 

Aux quatre coins de l’Europe, les meurtres de masse se multiplient. Une section d’Europol enquête et tente de déjouer les plans de ces tueurs en série d’un nouveau genre. L’horloge tourne : une course contre la mort a commencé. D’autant plus que, dans l’ombre, les sectes les plus violentes s’apprêtent à faire couler le sang... Que se passera-t-il exactement lorsque l’Église du Millénium de l’Aube Radieuse aura trouvé son nouveau gourou et l’aura initié aux rites de l’Unterwelt ?

De la France à l’Allemagne en passant par le Royaume-Uni, à la croisée du Jugement dernier de Jérome Bosch, de l’Enfer de Dante et du film Seven, ce thriller fascinant teinté de fantastique nous emporte dans les pires tourments de l’âme humaine avec folie et élégance. C’est aussi une réelle plongée politique dans un monde abject mis sous la coupe des puissants.

Deuxième tome à paraître en novembre : Cheval de guerre (déjà disponible en numérique), puis Moros et Pur sang en 2019.

 

296 pages
ISBN papier 978-2-37177-536-7
ISBN numérique 978-2-8145-0390-8
20€ / 5,99€

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